Henry George HINE (1811–1895)

Don Quichotte dans les montagnes de sable, vers 1830
Huile sur toile
52,6 × 43,2 cm
Signé dans la roche h. g. hine
Exposition : Londres, Royal Academy, Summer Exhibition de 1830, no 96 : Don Quixote in the Sable Mountains

Traduite en anglais dans les premières années du xviie siècle, l’œuvre de Miguel de Cervantès retrace l’épopée d’un homme obsédé par l’idée de devenir chevalier. En Angleterre comme en France, les peintres vont, dès le début du xviiie siècle, illustrer les aventures picaresques de Don Quichotte et, au siècle suivant, le thème fait son entrée dans les salons de peinture où il apparaît régulièrement sur les cimaises officielles. La période romantique, considérée comme l’âge d’or du livre illustré, permet à d’autres artistes, tels que Célestin Nanteuil et Tony Johannot, de raconter par l’image les aventures de Don Quichotte et Sancho Panza. Artiste autodidacte, ­Henry George Hine se forme en copiant des œuvres de Copley ­Fielding et commence à travailler à Londres dans les années 1830 en tant qu’apprenti pour le graveur Henry Hoppner Meyer. Cette même année, le jeune artiste expose sa première œuvre à la Royal Academy : Don Quixote in the Sable Mountains. 

Sans se rattacher à un moment précis du récit, Hine synthétise plusieurs extraits, notamment les chapitres xxv et xxix du premier livre et choisit de représenter le personnage débarrassé de son armure, simplement vêtu d’une chemise, au sommet de la Sierra Morena, au plus près des cieux et à l’acmé de sa folie. La figure réduite à une silhouette se détache sur un fond de ciel sombre battu par la pluie qui peut évoquer le goût pour les paysages atmosphériques de Joseph Mallord William Turner. La montagne sur laquelle Don ­Quichotte se tient occupe la plus grande partie de l’œuvre. Les rochers traités en ocre laissent largement visible la touche du pinceau. En contrebas, telle une nature morte à la symbolique héraldique, l’armure emblématique du héros, jetée là, qui permet de l’identifier sans erreur. 

Après cette première participation à la Summer Exhibition de la Royal Academy, Hine commence réellement sa carrière. Il s’installe en France à la fin des années 1830 pour un séjour de deux ans à Rouen. De retour en Angleterre, il est employé en 1841 comme graveur sur bois par Ebenezer Landells, fondateur du journal satirique Punch. Très populaires, ses vignettes humoristiques sont diffusées outre-Manche. Charles Philipon chargera le jeune Gustave Doré d’en adapter certaines pour Le Journal pour rire en 1850. Treize années plus tard, ce dernier illustrera à son tour le chef-d’œuvre de Cervantès. À Londres, Hine abandonne peu à peu le chevalet pour l’aquarelle et devient célèbre pour ses vues des South Downs et des grandes étendues des côtes du Sussex. Il est élu en 1863 associé de la New Society qui, rebaptisée Institute of Painters in Waters Colours, le nomme vice-président en 1887. 

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