Jeune homme nu assis, vers 1868-1871
Crayon noir sur papier
41,5 x 29,5 cm
Signé en bas à droite Joseph Blanc
Vendu
Joseph Blanc est né à Montmartre en 1846, commune alors encore indépendante de la capitale. Inscrit à l’École des Beaux-Arts à partir de 1862, il est l’élève d’Émile Bin puis d’Alexandre Cabanel. Dès 1864, il participe au Salon avec une œuvre intitulée La Première faute, sur le thème du péché originel. L’année suivante, il atteint la phase finale du concours pour le Prix de Rome, mais échoue. En 1866, il termine second puis est enfin vainqueur en 1867 sur le sujet du Meurtre de Laïus par Œdipe. Cette composition, qui mêle corps nus aux musculatures noueuses et chevaux, le fait déjà qualifier de néo-maniériste et annonce ses œuvres les plus célèbres tout en préfigurant La Bataille de Tolbiac qu’il peindra pour les décors du Panthéon. Pensionnaire de l’Académie de France à la Villa Médicis pour quatre années, l’artiste peut découvrir les œuvres de Michel-Ange et des peintres du XVIe siècle italien dont l’influence marquera l’ensemble de son œuvre.
Durant son séjour romain, Blanc, comme tous les pensionnaires, doit se plier à certaines obligations scolaires. Dans l’enceinte de l’Académie, les élèves poursuivent leur formation artistique et assistent à des séances de dessin d’après nature dans la tradition du nu à l’antique. Si quelques modèles professionnels viennent prendre la pose, d’autres se pressent devant les portes de la Villa pour proposer leurs services contre rétribution. Un dessin de Joseph Blanc, tracé à la pierre noire, conserve le souvenir d’une de ces séances de travail. Assis de profil sur un bloc d’atelier, un jeune éphèbe nu au physique athlétique croise les mains derrière le dos et baisse la tête. Son attitude évoque celle d’un jeune esclave aux pieds et mains liés, thème souvent traité par les sculpteurs de la Renaissance, de Michel-Ange à Pietro Tacca. Ce type de nu correspond également à l’un des sujets imposés par l’École, à l’image du Jeune homme nu assis au bord de la mer peint par Hippolyte Flandrin en 1836, comme envoi de quatrième année.
De retour à Paris, fort du succès rencontré par son Persée envoyé depuis Rome en 1869, Joseph Blanc reçoit de nombreuses commandes dont la plus prestigieuse reste son cycle de peintures pour le Panthéon. Dans son atelier de Montmartre, il accueille un grand nombre d’élèves avant d’être nommé professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1889. Devenu l’un des principaux peintres décorateurs de la Troisième République, il se voit confier la réalisation des cartons pour l’immense céramique qui orne encore aujourd’hui la façade du Grand Palais inauguré pour l’Exposition universelle de 1900.