Jacques PRÉVERT (1900-1977)
Bons jours et à très bientôt, vers 1950
Feutre sur papier
25 x 26,5 cm
Signé dans le motif Jacques Prévert
Vendu
« Celui qui regarde un tableau comme celui qui lit un livre en est toujours un peu l’auteur ou tout au moins le collaborateur. » Jacques Prévert, Gérard Fromanger, 1971 (extrait)
Pour tous, Jacques Prévert reste lié à un souvenir d’enfant, celui d’un poème appris par cœur puis récité devant le maître ou la maîtresse d’école. Auteur prolifique, il publie tout au long de sa vie de nombreux recueils de poésie, mais écrit également pour le théâtre, le cinéma, la bande dessinée ou les chansonniers de son époque. Membre du mouvement surréaliste dans sa jeunesse, il côtoie Raymond Queneau, Yves Tanguy et André Breton. Avec eux, il pratique l’exercice littéraire et graphique qui consiste à poursuivre à l’aveugle les vers ou les traits de ses prédécesseurs pour former un tout dont chacun ignore la finalité. Il donne à ce jeu le nom de « cadavre exquis ».
On sait moins que Prévert fut également, à partir de la fin des années 1940, un inlassable créateur d’images. Suite à une chute violente depuis une fenêtre de la Maison de la Radio, le poète est contraint de se reposer plusieurs mois en Provence et se met à pratiquer assidûment le collage et le dessin. De retour à Paris, il s’installe dans un appartement de la cité Véron, juste à côté du Moulin Rouge. Là, sa boîte de feutres et ses ciseaux posés sur une table, il découpe, colle ou dessine des images enfantines qu’il associe le plus souvent à quelques mots, des fleurs esquissées pour chaque jour de la semaine sur un calendrier de sa confection ou des diablotins et des animaux pour accompagner une phrase de remerciement. Sur une feuille de papier blanc, Prévert trace en noir les bords d’un long cadre jaune à oreilles qu’il suspend dans le vide. Dans un espace laissé blanc au centre, l’œuvre dans l’œuvre, le poète écrit « Bons jours et à très bientôt ». Ilsigne et dessine un chat debout, les pattes tendues tenant des branches d’arbre. Dans de nombreuses lettres, Prévert avait pris l’habitude de remplacer le traditionnel « bonjour » par « bons jours » en deux mots et au pluriel, comme un souhait de bonheur répété pour l’avenir. Aucune mention écrite ne permet de connaître le destinataire de ce dessin, mais l’auteur attribuait régulièrement un objet ou un animal à chacun de ses amis, un soleil pour Picasso ou un chat pour Paul Grimault. Ce réalisateur de films d’animation, surnommé le « Walt Disney français », faisait régulièrement appel à Prévert pour les scénarios ou les dialogues de ses créations.
En 1957, la galerie Maeght organise la première exposition de ses œuvres, majoritairement des collages surréalistes. D’autres expositions suivront les années suivantes au musée Grimaldi d’Antibes ou à la galerie Knoedler à Paris.