Évariste-Vital LUMINAIS (1821-1896)

Vendu

Gaulois pourchassés par des soldats romains, vers 1870
Aquarelle sur papier
26 x 31,8 cm
Signé en bas à gauche Ev. Luminais

Vendu

Né à Nantes en 1821, Évariste-Vital Luminais a dix-huit ans lorsqu’il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Léon Cogniet. Par la suite, il fréquente Constant Troyon, paysagiste et peintre animalier, qui deviendra son véritable maître. Il débute au Salon de 1843 avec une Scène de guerre civile, en Basse-Bretagne, sous la République puis expose plusieurs peintures aux sujets inspirés par sa région natale. Dès 1848, il semble déjà s’intéresser à l’histoire des Gaulois comme peut en témoigner le titre de l’œuvre qu’il expose cette année-là : Déroute des Germains, après la bataille de Tolbiac. Fasciné par Jules César et la guerre des Gaules, le nouvel empereur Napoléon III plébiscite les œuvres qui illustrent cette période de l’histoire. Jusqu’à la fin du Second Empire, Luminais apparaît au Salon en exposant des paysages, des peintures illustrant la vie des pêcheurs bretons et quelques sujets d’histoire. Ce n’est réellement qu’après 1870 et suite à l’instauration de la Troisième République que le peintre se spécialise dans l’illustration des thèmes tirés de l’histoire gauloise. Vedette gauloise, Retour de chasse dans les Gaules ou Gauloise à son réveil, exposés au Salon, montrent l’intérêt presque exclusif du peintre pour « nos ancêtres ». 

En parallèle de ses grandes toiles destinées le plus souvent à des acquisitions par l’État, l’artiste réalise de nombreux petits tableaux de chevalet et des aquarelles pour une clientèle privée. Sur l’une d’elles, Luminais confronte Romains et Gaulois sans chercher à puiser son sujet dans un épisode précis de l’histoire. Sur un fond de paysage rapidement tracé, deux soldats gaulois à cheval viennent de traverser le bras d’une rivière en fuyant un groupe de cavaliers romains qui les pourchasse. Les deux guerriers à la chevelure rousse, vêtus de braies nouées au-dessus de la taille, sont simplement armés d’une lance et d’un bouclier. L’un d’eux, blessé à la tête, semble s’être évanoui sur sa monture. À l’arrière-plan, les Romains, bien mieux équipés, s’approchent guidés par leur chef qui lève le bras en tendant son glaive. 

Au bout de quelques années, le public se lasse peu à peu de ce type de scènes et le critique Jules-Antoine Castagnary conseille à Luminais de « licencier son armée gauloise ». Le peintre se tourne alors vers le Moyen Âge, autre période qui s’inscrit dans le mouvement de réécriture du « roman national ». Cette véritable construction mythifiée de l’histoire de France destinée à l’instruction d’un public populaire trouve dans les œuvres de Luminais des illustrations idéales, propres à garnir les manuels d’histoire. Les toiles du peintre régulièrement acquises par l’État sous la Troisième République dominent encore aujourd’hui les cimaises de nombreux musées de province.