Eugène LAMI (1800-1890)
Réunion mondaine sous le Second Empire, vers 1855
Aquarelle et mine graphite sur papier
17,8 x 33,5 cm
Vendu
L’enfance d’Eugène Lami se déroule sous l’Empire. Horace Vernet, un ami de la famille, se charge de sa première formation, avant que le jeune homme n’entre en février 1817 à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier du baron Gros. Chez cet ancien élève de David, Lami rencontre Paul Delaroche et Richard Parkes Bonington avec lesquels il partage une prédilection pour la technique de l’aquarelle. Protégé de la duchesse de Berry sous la Restauration, Eugène Lami passe au service de la famille d’Orléans à partir de 1830. Nommé professeur de dessin du jeune duc de Nemours, l’un des fils de Louis-Philippe, il travaille également pour son frère, Henri d’Orléans duc d’Aumale qui fait appel à lui pour l’aménagement de ses appartements au château de Chantilly en 1844. De par sa proximité avec la famille royale, il assiste inquiet à la chute du régime en 1848 jusqu’à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier et futur Empereur.
Sous le Second Empire, Eugène Lami retrouve une place proche du pouvoir. De cette époque date une aquarelle restée inachevée représentant une scène de salon. Installée dans une pièce aux riches décors, une jeune femme se lève de son fauteuil pour accueillir un élégant qui la salue en courbant le dos. Tout juste esquissé au crayon, un chien assis l’observe. Sur la droite, un homme se tient accoudé à la cheminée et discute avec une dame assise face au foyer. D’autres invités attendent d’être reçus : un homme coiffé d’un turban oriental, caché par un grand vase de fleurs, regarde sur sa droite, comme inquiet ; un autre, dans l’embrasure de la porte, patiente avant de pouvoir saluer la maîtresse des lieux. De grande taille et portant une barbe fournie, sa physionomie évoque celle de l’un des plus importants personnages du régime : le comte Émilien de Nieuwerkerke. L’hôtesse, vêtue d’une robe de satin rose et coiffée d’un chignon, pourrait bien être la princesse Mathilde. Cousine et ancienne fiancée de l’Empereur, Mathilde Létizia Wilhelmine Bonaparte est une figure incontournable du Second Empire. Femme cultivée, pratiquant l’aquarelle et la peinture, elle reçoit dans son salon les plus célèbres artistes et écrivains de son temps. Nieuwerkerke, lui-même sculpteur, est son amant et partage sa vie depuis 1846. Grâce à Mathilde, le comte devient intendant des Beaux-Arts, durant tout le règne de Napoléon III.
Après la chute de l’Empereur, Eugène Lami poursuit sa traversée du siècle et des régimes en travaillant jusqu’à sa mort en 1890 sous la Troisième République. Fort d’une carrière de plus de soixante-quinze années, l’artiste laisse plusieurs milliers d’aquarelles et de dessins. En 2019, le musée de Chantilly, en collaboration avec Caroline Imbert, spécialiste de l’artiste, a consacré une exposition à Eugène Lami, peintre et décorateur de la famille d’Orléans.