Théodule Charles DEVÉRIA (1831-1871)

La Fumeuse d’Abydos, 1866
Mine graphite sur papier
21,4 x 15,5 cm
Annoté à la mine graphite Abydos, 1866. / Dessiné d’après nature / par M. Th. Devéria. / — / Le cigare est une addition de la main de Mariette Bey.

Vendu

Théodule Devéria grandit dans un milieu artistique foisonnant. Achille, son père, et Eugène, son oncle, sont deux des plus grands artistes romantiques de la première moitié du siècle et sa mère, Céleste, est la fille du célèbre imprimeur et lithographe parisien Charles Motte. Dans la maison-atelier de ses parents, il croise Delacroix, Dumas, Hugo, et bien d’autres. L’égyptologue Émile Prisse d’Avennes, qui vient un jour de 1843 pour prendre la pose devant son père, impressionne le jeune garçon et lui inspire sa vocation. Celle-ci se confirme par sa fréquentation assidue du Louvre où son père travaillera comme conservateur adjoint du département égyptien. Soutenu par Charles Lenormant et Emmanuel de Rougé, deux éminents égyptologues, il entre au collège de France et suit des cours à l’École des langues orientales avec Etienne Marc Quatremère. Après avoir travaillé quelques années au cabinet des Estampes de la Bibliothèque impériale sous la direction de son père, Théodule est nommé épigraphiste au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre en 1855. 

L’année suivante, alors qu’il est chargé d’inventorier les nombreux objets découverts par les missions françaises, il débute sa collaboration avec l’archéologue Auguste Mariette, responsable des fouilles en Égypte. Il dessine pour lui les illustrations de l’ouvrage intitulé Choix de monuments et de dessins découverts ou exécutés pendant le déblaiement du Sérapéum de Memphis. En 1858, lorsque Mariette repart en Égypte, Théodule l’accompagne pour un voyage d’une année entre Memphis et Karnak. À son retour, il est nommé conservateur adjoint du Louvre au poste de son père décédé trois ans plus tôt. Par la suite, Devéria retourne en Égypte en 1862 puis en 1865. Ce troisième voyage est l’occasion pour Théodule de pratiquer la photographie. Guidé encore une fois par Auguste Mariette, il longe le Nil et s’arrête à Abydos sur la rive occidentale du fleuve. Ce site antique de la Haute-Égypte se trouve au sud du pays à moins de cent kilomètres de Thèbes. Là, saisissant son crayon qui ne le quitte jamais, Théodule profite d’une pause pour tracer le portrait d’une jeune femme qui l’accompagne. Saisi de dos, le modèle accoudé à une pierre porte un chapeau couvert d’une voilette. De son profil perdu dépasse, sous la résille, l’extrémité d’un cigare duquel s’échappent des volutes de fumée. Selon une mention sous le dessin, ce détail serait une contribution espiègle de Mariette au sage croquis de son ami. 

Théodule Devéria rapporte de ses différents périples de nombreux dessins et croquis, mais également une grande quantité de photographies qui témoignent des fouilles et des découvertes de Mariette en Égypte. De retour à son poste de conservateur du Louvre, Théodule poursuit ses recherches jusqu’à son décès prématuré en 1871. Il n’avait que trente-neuf ans.

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