Diogène Ulysse Napoléon MAILLART (1840-1926)

Tête d’un guerrier bellovaque, vers 1885
Étude préparatoire au tableau  La Mort de Corrée
Crayon noir sur papier
23,2 x 20,5 cm
Signé en bas à droite D.MAILLART

Les Maillart, bien que modestes paysans de l’Oise, forcent la destinée de leur fils en le prénommant Diogène Ulysse Napoléon lorsqu’il voit le jour en 1840. S’il ne devient ni philosophe, ni guerrier héroïque, ni empereur, le jeune garçon montre très tôt des dispositions pour le dessin. À l’adolescence, il entre à l’École impériale de dessin puis s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Paris où il poursuit sa formation auprès de Léon Cogniet. En parallèle, il fréquente également l’atelier du peintre Sébastien Cornu, un ancien élève d’Ingres. Lauréat du Prix de Rome de peinture d’histoire en 1864 sur le sujet d’Homère dans l’île de Scyros, le jeune artiste part pour quatre années en Italie. De retour à Paris, il accepte un poste de professeur de dessin à la Manufacture nationale des Gobelins tout en travaillant sur ses premières commandes officielles de décors pour des églises et des édifices publics. Dès 1870, Maillart participe régulièrement au Salon avec des toiles dont les thèmes sont principalement puisés dans la mythologie et la Bible. Portraitiste recherché, il reçoit les membres de la bonne société parisienne place Fürstenberg, dans l’ancien atelier d’Eugène Delacroix, devenu le sien. 

Durant les années 1880, Maillart se tourne vers des sujets tirés de l’histoire nationale. Étienne Marcel, Jeanne d’Arc et les rois de France viennent alors animer ses œuvres. Pour le Salon de 1885, le peintre choisit d’illustrer un épisode méconnu de la guerre des Gaules : La Mort de Corrée, héros bellovaque. Corrée, que l’on trouve plus couramment cité sous le nom de Correus ou de Correos, était le chef des Bellovaques, un peuple gaulois localisé dans l’actuelle région de Beauvais. En 51 av. J.-C., il prit la tête d’une coalition pour résister à l’envahisseur romain. Poursuivi par Jules César, il est tué avec toute son armée. De manière à éclairer l’obscur sujet de son œuvre, Maillart l’accompagne dans le livret du Salon d’une citation de César puisée dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules : « Correus, chef des Bellovaques révoltés contre César, ayant été vaincus, refuse de fuir et de se rendre et se fait tuer sur le champ de bataille, plutôt que de survivre à la liberté de sa patrie ». La peinture acquise, par le gouvernement pour être accrochée dans l’hôtel de ville de Beauvais, fut détruite lors des bombardements de 1940. Sa composition, connue grâce à une photographie en noir et blanc, montre le héros gaulois, debout, entouré par les corps de dizaines de ses soldats. Leurs visages n’expriment aucune douleur et chacun d’entre eux semble simplement endormi. L’une de ces figures, esquissée au fusain avec vigueur par Maillart, se présente la tête renversée en arrière, la bouche légèrement ouverte et les yeux clos dans un raccourci parfait. Inscrit dans un format presque carré, ce dessin évoque les feuilles les plus virtuoses de Delacroix, dont le talent devait encore hanter l’atelier de la place Fürstenberg en 1885.

Diogène Maillart
La Mort de Corrée, héros bellovaque, 1885
Huile sur toile, détruite 
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