Stéphanie de VIRIEU (1785-1873)

Vendu

Dans les bras de la Mort, vers 1823
Crayon, lavis d’encre et gouache blanche sur papier beige
19,6 x 25,4 cm
Provenance : ensemble de dessins par Stéphanie de Virieu ayant appartenu à ses neveux

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Certaines œuvres de jeunesse de Stéphanie de Virieu peuvent mêler fantastique et sentiment religieux. Un dessin, réalisé au début des années 1820, représente le transport d’une âme vers le ciel. Les spectres enchaînés soulevant la jeune femme sont couverts d’amples linceuls blancs dissimulant leur corps de squelette. Le traitement à la gouache diluée de ces figures, en transparence sur un papier préparé en brun rosé, appuie leur aspect fantomatique. En haut à droite de la composition, Dieu, les bras tendus, vient accueillir la défunte. Les yeux clos, les mains croisées sur le corps, la jeune morte est vêtue d’une délicate robe blanche brodée. Son visage apaisé évoque les traits de Stéphanie de Virieu tels qu’on peut les voir dans l’un de ses autoportraits. Comme son ami Alphonse de Lamartine, Stéphanie est préoccupée par la mort, si souvent croisée durant sa jeunesse, mais l’aborde ici avec une approche moins empreinte de terreur. 

La composition peut être rapprochée de l’iconographie chrétienne de la translation du corps de sainte Catherine d’Alexandrie. Durant son voyage en Italie, entre 1823 et 1824, l’artiste parcourt les églises où elle peut croiser à plusieurs reprises cette thématique. Dans les lettres à son frère, elle raconte l’émerveillement que lui procure la découverte des œuvres de Michel-Ange au Vatican. La figure de Dieu descendant les bras tendus s’inspire directement d’un détail de la voûte de la chapelle Sixtine. Le feuille, encore marquée par le souffle romantique des premières années, fut probablement réalisée durant son séjour en Italie puis rapportée en France dans les cartons de l’artiste. 

À son retour, Stéphanie revient s’installer au château de Lemps où elle gagne peu à peu une réputation de grande piété en réalisant des peintures religieuses pour les églises de sa région et en faisant don de certaines de ses créations à des œuvres charitables. À la fin de sa vie, atteinte de cécité, elle cesse de peindre et de dessiner pour se consacrer à la sculpture. Retirée en Gascogne pour finir ses jours, malgré son âge, elle sculpte sa dernière œuvre : un chemin de croix en quatorze hauts-reliefs pour l’église de Poudenas.