Stéphanie de VIRIEU (1785-1873)

Vendu

La Mort et le Poète, vers 1819-1823
Crayon noir et craie blanche sur papier bleu
16,6 x 20,9 cm
Provenance : ensemble de dessins par Stéphanie de Virieu ayant appartenu à ses neveux

Vendu

Les échanges réguliers entre Stéphanie de Virieu et Alphonse de Lamartine au fil des années ont marqué le travail de la jeune femme qui réalise au moins deux portraits de lui au lavis avant 1820. Les préoccupations du poète romantique apparaîssent dès la publication de ses Méditations poétiques en 1820 : au fil de ce recueil, les thèmes abordés évoquent les souvenirs, les regrets, le désespoir et l’angoisse face à la mort. Cet ensemble comprend Le Vallon, l’un des plus célèbres poèmes de l’auteur écrit en 1819, inspiré par un séjour sur les terres des Virieu. 

Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d’un jour pour attendre la mort.
Alphonse de Lamartine, Le Vallon, 1819 (extrait)

Très vite, Lamartine demande à Stéphanie d’illustrer certaines de ses œuvres poétiques dont elle suit l’élaboration. Aymon prend le rôle de messager et d’intercesseur entre le poète et sa sœur comme en témoigne une lettre écrite à Lamartine depuis Turin le 12 mars 1821 : « Je suis enchanté… surtout des Méditations ; je ne sais pas lequel [dessins] j’aime le mieux ». Sur une feuille, Stéphanie trace à la pierre noire et à la craie blanche la figure révulsée d’un jeune homme se redressant brutalement de son lit entouré de livres et faisant face à la Mort. Représentée sous les traits d’un squelette recouvert d’un linceul, l’effroyable apparition désigne le poète. Le visage du modèle bien que déformé par la peur n’est pas sans évoquer les traits de Lamartine tels que dessinés par Stéphanie quelques années plus tôt. Sans avoir cherché à illustrer précisément l’un des textes de son ami, il est probable que l’artiste ait voulu représenter une métaphore des angoisses profondes du poète. 

Si la représentation de la mort sous forme allégorique n’est pas une chose rare en ce début de XIXe siècle, elle est le plus souvent intégrée à des thématiques antiques et bibliques ou évoque le temps dans des œuvres moralisatrices. Ici l’artiste ne semble s’appuyer sur aucun prétexte précis et l’utilise associée à une figure contemporaine à laquelle on peut plus facilement s’identifier. En 1823, Lamartine réclame à Stéphanie d’autres dessins pour les Nouvelles Méditations. Le poète décrit chacune des compositions souhaitées avec précision mais aucune d’entre elles ne fut jamais publiée. Parmi les poèmes de ce nouveau recueil, un titre en particulier entre en résonance avec le dessin de Stéphanie : Le Poète mourant. Une première version de ce texte, écrite en 1817, avait été dédicacée à Aymon.