Louis-Jean DESPREZ (1743-1804)

Vendu

Reconstitution du temple d’Isis à Pompéi, vers 1779-1781
Encre et aquarelle sur papier
22 x 36,5 cm

Vendu

Né à Auxerre en 1743, Louis-Jean Desprez se forme à l’Académie royale d’architecture à Paris en suivant les enseignements de Jean-François Blondel, Jacques Desmaisons et Jean-Rodolphe Perronet. Suite à plusieurs échecs, il décide de se placer sous la protection de Charles de Wailly et remporte en 1776 le Grand Prix d’architecture qui lui permet de se rendre à Rome comme pensionnaire de l’Académie. Durant son séjour en Italie, ses projets architecturaux et ses envois d’élève sont souvent jugés aussi grandiloquents qu’irréalisables. Desprez multiplie alors les activités personnelles en parallèle de ses études. Remarqué avec d’autres pensionnaires par l’abbé de Saint-Non, il est recruté comme dessinateur pour illustrer l’un de ses ouvrages. Jean-Claude Richard de Saint-Non est lui-même graveur et dessinateur. Ses nombreuses visites de Naples, Herculanum et Pompéi, en compagnie de Jean-Honoré Fragonard et d’Hubert Robert, lui inspirent le projet d’une monumentale publication pour laquelle il s’associe à Dominique-Vivant Denon. Le Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, richement illustré de 374 gravures, paraît en cinq tomes entre 1781 et 1786. 

Desprez est chargé de fournir plusieurs dessins dont une série consacrée au temple d’Isis. Situé à Pompéi, ce monument construit à la fin du IIe siècle avant notre ère était destiné au culte de la déesse égyptienne adopté par les romains. Détruit une première fois en 62, le temple est immédiatement reconstruit avant d’être enseveli sous les cendres par l’éruption du Vésuve en 79. Redécouvert durant les fouilles du site au XVIIIe siècle, son architecture attire les visiteurs. Sur un premier dessin datant de 1779, Desprez représente le site archéologique en ruines investi d’un grand nombre d’érudits curieux. Vue de manière frontale, la composition place la façade du temple au centre d’un format horizontal. Reprenant un cadrage identique, l’artiste propose sur un autre dessin une vision imaginaire du site reconstitué : sous la lumière de la lune, une assemblée de personnages en costumes antiques célèbre le culte à la déesse. Plusieurs braseros votifs, alimentés par des vestales, dégagent d’épaisses fumées qui encombrent le ciel. Au premier plan, une femme accompagnée de deux volatiles nous tourne le dos et se dresse face au temple éclairé depuis l’intérieur. Le musée de Besançon conserve un dessin aquarellé presque identique à celui-ci et qui servira de modèle pour la gravure illustrant l’ouvrage de l’abbé de Saint-Non. Sur cette variante, la prêtresse de dos au centre de la composition est remplacée par une vasque remplie d’offrandes. 

En 1784, Desprez ayant prolongé son séjour italien est remarqué par le roi de Suède Gustave III qui admire ses talents de décorateur et de scénographe. Ce dernier l’invite à Stockholm pour devenir premier dessinateur des menus plaisirs du roi. En Suède, Desprez connaît la célébrité et forme de nombreux élèves jusqu’à sa mort en 1804.