Jean-Victor SCHNETZ (1787-1870)
Les Bergers d’Arcadie, vers 1817
Pierre noire, lavis brun et gouache blanche sur papier
16,6 x 23,4 cm
Vendu
Jean-Victor Schnetz naît et grandit à Versailles pendant les dernières années du règne de Louis XVI. Adolescent, il intègre l’atelier de Jean-Baptiste Regnault au Louvre avant de rejoindre celui de Jacques-Louis David en 1812. Durant sa formation, il fait la connaissance de Léopold Robert et de François-Joseph Navez avec qui il se lie d’une profonde amitié. Schnetz tente à maintes reprises le concours du Prix de Rome sans succès et n’obtient finalement qu’un second prix en 1816. Ayant atteint l’âge limite pour concourir, il décide de rejoindre l’Italie par ses propres moyens et arrive à Rome. Installé dans un atelier via del Babuino, à proximité de celui d’Ingres, Schnetz rencontre Maria Grazia, une belle Italienne qui deviendra son modèle puis sa compagne. Le peintre parcourt la campagne romaine en quête de motifs, souvent accompagné de Léopold Robert, son ami d’atelier.
Ce séjour est également marqué par l’influence de Théodore Géricault qui, comme lui, a rejoint l’Italie à ses frais. Déjà fort d’une solide reconnaissance en France, Géricault découvre à Rome l’art des maîtres de l’Antiquité et de la Renaissance. Il multiplie les études, les dessins et trace sur des feuilles préparées en brun ses compositions à la pierre noire puis les relève de larges aplats de gouache blanche. Schnetz, qui peut voir les travaux de son ami, imite quelques fois sa méthode. Si plusieurs œuvres témoignent de cette filiation, celle représentant Les Bergers d’Arcadie apparaît comme une parfaite illustration de ce rapprochement. Trois éphèbes nus, installés sous des arbres, découvrent un sarcophage antique. L’un d’eux, qui nous tourne le dos, désigne la dédicace gravée dans la pierre. Sur le dessin, celle-ci tout juste griffonnée est illisible. Cependant, le contexte renvoie indéniablement à la locution latine et in arcadia ego que l’on peut traduire par Moi (qui suis mort) j’ai vécu en Arcadie. Ce thème récurrent dans l’art classique trouve sa source chez Virgile. Le Guerchin et Nicolas Poussin traiteront ce sujet dans des œuvres aujourd’hui célèbres. L’Arcadie, évoquée par Virgile et les artistes, est une terre idyllique où les hommes vivent en harmonie. La dédicace est là pour nous rappeler, tel un memento mori, que même dans le meilleur des mondes, nous restons tous mortels.
De retour en France, Schnetz connaît le succès et reçoit de nombreuses commandes pour des œuvres religieuses ou historiques. Attaché à la cité éternelle et aux artistes qui y sont installés, il retourne aussi souvent que possible en Italie. Fort de son élection à l’Académie des Beaux-Arts en 1837, le peintre succède à Ingres comme directeur de la Villa Médicis de 1841 à 1846 puis acceptera de reprendre ce poste entre 1853 et 1866.