Jean-Baptiste THOMAS (1791-1834)

Sentenza di morte, 1829
Lavis d’encre brune sur papier
22,4 x 18 cm
Signé et daté en haut à droite Thomas / 1829
Titré en bas à droite sentenza di morte

Jean-Baptiste Thomas débute ses études à l’âge de quinze ans dans l’atelier de François-André Vincent et remporte le Prix de Rome de peinture d’histoire en 1816. Reçu comme pensionnaire à la Villa Médicis la même année, il retrouve sur place les peintres Léon Pallière, Jean Alaux et Édouard Picot. Le jeune artiste réalise, en marge des travaux imposés par l’école, un grand nombre de dessins et d’aquarelles illustrant la vie quotidienne romaine. Véritable reportage sur la vie à Rome pendant le pontificat de Pie VII, une partie de cet ensemble (soixante-et-onze dessins) sera publiée sous forme de recueil lithographique en 1823 par Firmin Didot sous le titre Un an à Rome et dans ses environs. Après avoir passé moins de deux ans sous la direction de Charles Thévenin, Thomas doit brusquement interrompre son séjour pour des raisons familiales en 1818 et rentre en France.

Dès 1819, le peintre participe au Salon où il présente une toile intitulée Jésus-Christ chassant les vendeurs du Temple. Acquise par l’État et toujours en place dansl’église Saint-Roch, l’œuvre remporte un succès critique et populaire. Les années suivantes, Thomas reçoit d’autres commandes officielles pour des peintures religieuses et historiques tout en exposant des toiles et aquarelles inspirées de son voyage en Italie. En 1829, porté par la fougue romantique, il publie un petit recueil de lithographies sous le titre de Le Rêve, ou les effets du Romantisme sur un jeune surnuméraire à l’Arriéré. Cet opuscule, illustré de six dessins, montre l’esprit piquant et plein d’humour de Thomas, capable d’autodérision, qui contraste avec l’académisme attendu d’un ancien lauréat du prix de Rome et séduit Eugène Delacroix ainsi que de nombreux jeunes artistes romantiques. La même année, Thomas réalise au lavis d’encre brune une composition qui mêle souvenirs de son passage en Italie et thème sombre du romantisme ambiant. Titrée en italien dans l’image sur une feuille de papier sentenza di morte, l’œuvre représente un condamné à mort dans sa cellule. Assis sur un bloc de pierre, il tend le bras en direction d’un crucifix suspendu au plafond et semble en appeler à Dieu. Derrière lui, un homme en costume de pénitent noir, coiffé du traditionnel capirote, vient de lui annoncer la sentence. 

La thématique de la mort est récurrente dans l’œuvre de Thomas de même que la figure inquiétante du pénitent qui se répète dans ses lithographies et sur ses toiles. Apparemment jamais traduite en gravure, cette composition doit faire référence à un épisode précis tiré de la littérature, de l’histoire ancienne ou à un fait divers de l’époque. Jean-Baptiste Thomas meurt en 1834 à l’âge de quarante-deux ans. En 1816, François-André Vincent, son maître, lui aurait dit avant de s’éteindre : « Vous, mon ami, êtes le dernier des élèves que j’ai fait ; […]. Je puis mourir content ».

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