Louis BOULANGER (1806-1867)

Herminie soignant Tancrède, vers 1826
Aquarelle sur papier
22,3 x 27,5 cm
Signé en bas à gauche Louis Boulanger

Louis Boulanger, que Victor Hugo appelait « mon peintre », est l’une des figures incontournables du mouvement romantique français. Peintre, illustrateur, décorateur, passionné de théâtre et de musique, il nous laisse des images qui sont aujourd’hui indissociables de la vision que nous conservons de la scène parisienne de la première moitié du XIXe siècle. Né en 1806, le jeune Louis entre à l’École des Beaux-Arts alors qu’il n’a que quinze ans. Inscrit dans l’atelier de Guillaume Guillon-Lethière, il participe une seule fois, en 1824, au concours du Prix de Rome. Très tôt, il se lie avec les frères Devéria et les artistes de la génération romantique.

Le célèbre poème épique La Jérusalem délivrée de Torquato Tasso (le Tasse), inspire les artistes rapidement après sa publication en 1581. Les différents personnages de l’histoire évoluent durant le siège et la prise de Jérusalem par les croisés sous la direction de Godefroy de Bouillon. Deux siècles et demi plus tard, les artistes romantiques français puisent encore dans le texte pour illustrer l’épopée d’Armide, Renaud, Tancrède et Herminie. Au milieu des années 1820, Louis Boulanger traite par deux fois l’avant-dernier chant du poème du Tasse (chant XIX) où Herminie, fille du roi d’Antioche, vient au secours du chevalier Tancrède lorsqu’elle le trouve blessé suite à son combat contre le géant Argant. Bien que son ennemie, la jeune femme s’agenouille à côté de lui et bande sa tête afin de soigner ses blessures. Réalisée à l’aquarelle, la composition de Boulanger montre le chevalier en armure assis au pied d’un arbre. Herminie, vêtue en gente dame de la Renaissance, noue autour de sa tête un foulard pour arrêter le saignement. Complétée de deux autres figures, Vafrin l’écuyer de Tancrède qui retient son cheval et une suivante d’Herminie, la scène se détache sur fond de paysage. Le traitement de l’arrière-plan montre l’influence des aquarellistes anglais devenus des modèles pour les jeunes peintres parisiens. Une seconde aquarelle de composition presque identique a été présentée à la maison Victor-Hugo dans le cadre de l’exposition rétrospective consacrée à Louis Boulanger en 2022. Actuellement conservée dans une collection particulière, cette autre version intègre un bosquet sur la droite et délaisse le traitement des figures secondaires au profit de l’effet général et de la couleur.

Avec le Supplice de Mazeppa, Louis Boulanger remporte un immense succès au Salon de 1827. Six ans plus tard, il retourne puiser dans La Jérusalem délivrée le sujet d’un nouveau tableau : Carlo et Ubaldo allant chercher Renaud dans les jardins d’Armide. Exposée au Salon de 1833, cette peinture représente les autres héros du poème.