Louis-Léopold BOILLY (1761–1845)
Jeune femme tête baissée, vers 1800
Étude préparatoire pour L’Atelier d’artiste Huile sur papier marouflé sur panneau
18 x 12 cm
Au revers étiquette mentionnant :
Boilly / souvenir de Diane / Légué à Madame Daroux / 15 hameau du Danube /Paris 19°
En cours d’acquisition par la Fondation Custodia
Fils d’un sculpteur installé dans la région lilloise, Louis-Léopold Boilly grandit dans un milieu modeste. En 1785, il décide de s’installer à Paris où ses premières œuvres, peintes ou gravées, sont marquées par l’influence de Greuze et de Fragonard. Grâce au décret révolutionnaire du 21 août 1791 ouvrant le Salon du Louvre à tous les artistes, Boilly peut y exposer une toile intitulée Scène familière, dont le style adopte la finesse et la préciosité des grands maîtres hollandais du XVIIe siècle. Son faible engagement dans la cause révolutionnaire attire sur lui la suspicion de certains de ses confrères qui l’accusent d’indécence et le forcent à prouver publiquement son adhésion aux idéaux républicains. Deux œuvres, Le Triomphe de Marat et L’Arrestation de Char- lotte Corday permettent à Boilly de faire taire durablement la rumeur. Très peu intéressé par les sujets historiques, qu’ils soient anciens ou contemporains, le peintre préfère raconter par l’image le quotidien des gens de Paris, dans la rue, les cafés, au théâtre ou dans l’intimité de leur maison et s’im- pose comme un chroniqueur attentif de la vie artistique de son époque. La toile Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey présentée au Salon de 1798, au-delà de la trentaine de portraits qu’elle regroupe, est emblématique de son intérêt pour les scènes d’atelier.
Deux ans plus tard, pour le Salon de 1800, Boilly expose Un intérieur d’atelier de peinture. La composition, dont il existait au moins deux versions (l’une à la National Gallery of Art de Washington, l’autre probablement détruite), représente une jeune femme et une adolescente dans un espace aménagé en atelier de peintre. Table, fauteuil, palette et chevalet y sont entourés d’une accumulation de sculptures en plâtre. Sur la droite, une grande plaque inclinée isole ce recoin et laisse voir à l’arrière-plan une colonnade monumentale et des sculptures de marbre plongées dans l’ombre qui évoquent un espace muséal.
Une étude à l’huile sur papier de petit format prépare à la figure de jeune femme placée au centre du tableau. La tête baissée et les yeux clos, le modèle porte une robe blanche largement ouverte sur le buste. De profil, son visage se dé- tache sur un fond rapidement traité en brun. Ses cheveux sont relevés et attachés vers l’arrière à la mode de l’époque. Boilly, à la fois excellent portraitiste et très à l’aise dans l’art de la miniature, aborde cette étude avec légèreté et finesse. Une étiquette collée au dos, portant la mention «Souvenir de Diane», renvoie peut-être à l’identité du modèle qui fut longtemps considéré comme l’une des filles du sculpteur Houdon. Le nom de Diane pourrait alors éventuellement évoquer celui de l’antique chasseresse sculptée par Houdon quelques années plus tôt. Ses traits stylisés et idéalisés, de même que sa coiffure, ne sont pas si éloignés de ceux de la Jeune femme tête baissée.
Cette œuvre sera intégrée dans le supplément au catalogue raisonné de l’artiste par Messieurs Étienne Bréton et Pascal Zuber.