François Marius GRANET (1775-1849)

Vue de Subiaco sous un ciel d’orage, entre 1802 et 1810
Huile sur papier marouflé sur toile
13,5 x 19,5 cm
Cachet de la collection Barrié-Chevalier sur le châssis
Provenance : collection Jean-Claude Barrié et Michel Chevalier

Vendu

En arrivant à Rome à l’âge de vingt-sept ans, François Marius Granet ignore qu’il y passera deux décennies. Formé à Aix-en-Provence auprès de Jean-Antoine Constantin, il se rend à Paris et intègre le prestigieux atelier de David. Durant cette période, il se lie durablement à Ingres et Girodet avec lesquels il partage un atelier. En 1802, le jeune peintre accompagné de son fidèle ami Auguste de Forbin quitte Paris pour se rendre à Rome qu’il atteint au début de l’été. D’abord logé près de San Carlo al Corso, Granet s’installe ensuite comme peintre indépendant et trouve un atelier dans une maison située au coin de la via Felice et de la via Gregoriana, tout près de la Trinità dei Monti sur la colline du Pincio. À cette époque, la Villa Médicis voisine n’est pas encore le siège de l’Académie de France à Rome.

Les œuvres de chevalet de Granet, destinées à être exposées, alternent avec celles plus intimes esquissées sur le motif. Ces huiles – en général de petit format – composent un véritable journal qui témoigne des sites parcourus et de l’intérêt du peintre pour les variations de la lumière. Si la ville de Rome paraît au départ lui offrir une ressource de sujets illimités, Granet sort régulièrement des limites de la cité pour s’aventurer dans la campagne. Située à une cinquantaine de kilomètres à l’est dans les montagnes du Latium, Subiaco attire de nombreux peintres depuis le XVIIIe siècle. Durant les deux dernières décennies du siècle, Pierre-Henri de Valenciennes, Jean-Joseph-Xavier Bidauld, Louis Gauffier et bien d’autres viennent peindre l’austère beauté du site qui allie nature grandiose, vestiges antiques et architectures monumentales. Après son installation, Granet se rend rapidement sur les traces de ses prédécesseurs pour découvrir ces lieux où saint Benoît de Nursie, venu en ermitage dans une grotte, y fonda son premier monastère. Installé sur la colline, le peintre a saisi une feuille de papier pour croquer le panorama depuis le lointain. Sur la gauche, la façade massive du monastère Sainte-Scholastique apparaît dans toute sa blancheur. Sur la droite, construit au sommet d’un pic rocheux, le monastère de Saint-Benoit domine le paysage. Le ciel du jour finissant s’éteint peu à peu, chargé de lourds nuages qui menacent. Granet doit se presser pour noter les couleurs et les contrastes avant que la nuit et la pluie ne tombent sur Subiaco. Bien que travaillant sur un support de petites dimensions, le peintre parvient à communiquer le sentiment grandiose de cette vue dont il dut être émerveillé avant nous.

Un certain nombre de dessins et d’autres huiles témoignent des différents passages de Granet à Subiaco durant son long séjour italien. Pour sa participation au Salon de 1819, le peintre choisit de représenter non pas un paysage, mais une Vue intérieure de l’église du couvent de San Benedetto, près Subiaco en pendant de sa toile la plus célèbre, l’Intérieur du chœur de l’église des Capucins de la place Barberini à Rome.

Retour en haut