Téofil KWIATKOWSKI (1809-1891)

Le Bal à l’hôtel Lambert, dit aussi Polonaise dédiée à Fontana par Chopin, vers 1859
Aquarelle et gouache sur papier
13 x 26 cm
Mention du nom de l’auteur et titré au dos du dessin fecit t. kwiatkowski / Polonaise dédié à Fontanna [sic] par F. Chopin

Vendu

Après des études à l’école des Beaux-Arts de Varsovie, Téofil, issu de la noblesse polonaise, s’engage dans l’armée d’insurrection contre l’envahisseur russe. La défaite le contraint à l’exil et il rejoint la France avec cinq mille autres polonais en 1832. D’abord réfugié en Avignon, il obtient le droit de gagner Paris où il rencontre le poète Adam Mickiewicz. Très rapidement, il fait la connaissance du plus célèbre Polonais vivant à Paris : Frédéric Chopin. À partir de 1834, Téofil réalise de lui plusieurs portraits considérés comme les représentations les plus fidèles et les plus intimes du célèbre pianiste. À la mort de Chopin, le 17 octobre 1849, Téofil exécute devant sa dépouille plusieurs dessins qui connaissent un immense succès. Les obsèques, grandioses, ont lieu en l’église de la Madeleine ; le cortège accompagnant le char funèbre jusqu’au cimetière du Père-Lachaise réunit plus de trois mille personnes. 

Imaginée dix ans après la mort du musicien, la composition intitulée Le Bal à l’hôtel Lambert tient plus de la création symbolique que d’un réel souvenir. L’œuvre s’inspire des célèbres bals de charité costumés donnés à l’hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis par le prince Czartoryski dans les années 1840. Frédéric Chopin et Téofil Kwiatkowski sont entourés par différentes personnalités de l’histoire polonaise, les membres de la famille Czartoryski ainsi que le poète Adam Mickiewicz. Aux principaux représentants de la diaspora polonaise se mêlait à ces occasions festives la haute société parisienne. Le peintre puise certains éléments de sa composition dans une « vision » que Chopin raconte avoir eu lors d’un séjour à Majorque dans le monastère de Valldemossa. Le compositeur, dans une sorte de transe artistique, aurait vu une procession de chevaliers en costume polonais avançant lentement, au rythme de la musique. Généralement, ce souvenir est associé à la partition de La Polonaise en La majeur que compose Chopin en 1842. L’œuvre semble avoir une importance particulière pour Kwiatkowski qui en a réalisé plusieurs versions. La plus célèbre, une grande aquarelle, est aujourd’hui conservée au musée national de Poznań. Une autre aquarelle de dimensions réduites reprend l’ensemble de la composition avec un effet de flou plus appuyé qui renvoie au monde des songes. Le décor d’arrière-plan en est presque totalement absent. Les différentes figures à la blancheur fantomatique semblent évoluer dans l’espace tels des esprits insaisissables.  

Téofil Kwiatkowski, qui jouit d’une grande notoriété en Pologne, reste encore aujourd’hui méconnu en France. Avec amusement, Théophile Gautier proposait déjà en son temps une explication à cet oubli : « le Polonais Théophile Kwiatkowski serait fort connu s’il jouissait d’un nom prononçable ».

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