Gabriel-Hippolyte LEBAS (1812-1880)

Vagues sur les rochers avec voiliers au loin, vers 1865
Aquarelle, encre et gouache sur papier 
28 x 44,5 cm 
Signé en bas à gauche Hip Lebas

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Pour des raisons d’homographie, l’œuvre de Gabriel-Hippolyte Lebas est souvent confondue avec celle de son père. Fils de l’architecte Louis-Hippolyte Lebas (1782-1867), il n’épouse cependant pas la vocation paternelle et devient l’élève de François Marius Granet. En 1836, il participe pour la première fois au Salon avec une Vue de la vallée de Montmorency et se spécialise dans le genre du paysage naturaliste. Entre 1841 et 1842, il visite l’Italie en compagnie du sculpteur James Pradier. Bien que non pensionnaire, Lebas fils est reçu à la Villa Médicis par Jean-Victor Schnetz, le directeur des lieux après le départ d’Ingres. À son retour, le peintre expose au Salon plusieurs vues d’Italie avant de se rapprocher de l’école de Barbizon.

À partir du début des années 1860, Gabriel-Hippolyte Lebas effectue des séjours réguliers en Normandie. Ses œuvres, principalement des aquarelles de grand format, sont alors influencées par l’art d’Eugène Isabey et de Théodore Gudin dont il adopte l’intérêt pour les marines déchaînées et les scènes de naufrage. Parfois localisées près d’Étretat, ses œuvres reprennent le plus souvent un procédé de composition identique où les rochers bruns du rivage sont placés au premier plan. La mer et les éléments narratifs, figures ou bateaux, sont repoussés sur le côté en laissant une large place au ciel menaçant. Les nuages et l’écume, traités à la gouache blanche, contrastent avec l’aspect plus graphique de l’aquarelle.

Si cette œuvre respecte l’ensemble de ces principes, elle accentue plus encore l’impression de domination de la nature sur l’homme. Les deux rochers massifs qui occupent le centre de la composition attirent immédiatement le regard. Il faut fixer l’image un long moment avant d’apercevoir dans le lointain un mât qui signale la présence d’un bateau en train de s’échouer sur les récifs. Si l’œil s’attarde encore, il finit par remarquer les silhouettes de trois mouettes qui s’envolent et peut-être une petite tache bleue sous les rochers. Détaillé telle une miniature, un personnage, coiffé d’un béret et tenant un bâton à la main, s’est arrêté. Il semble regarder dans notre direction comme surpris d’une autre présence que la sienne en ces lieux. 

Retour en haut