Gaffeuse !, 1888
Illustration pour L’Immortel d’Alphonse Daudet
Encre et gouache sur papier
26,5 x 21 cm (à vue)
Signé en bas à droite Emile Bayard
Mentions au verso 5e coupure – Gaffeuse (n° 227)
Bibliographie : L’Illustration, 2 juin 1888, reproduit
Né à La Ferté-sous-Jouarre en 1837, Émile Bayard est un peintre, décorateur, dessinateur et illustrateur français. Tout en suivant l’enseignement de Léon Cogniet, il débute au Salon à l’âge de vingt ans en exposant des dessins. Très tôt, il fournit des illustrations pour des journaux tels que Le Tour du monde, L’Illustration, Le Journal pour rire, Le Journal de la jeunesse et le Journal des voyages. Son style, à la fois précis et dynamique, attire également l’attention de Louis Hachette qui fait appel à lui pour illustrer Les Misérables de Victor Hugo. L’éditeur Hetzel lui commande à son tour des illustrations pour plusieurs livres de Jules Verne. La vision populaire des romans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune reste aujourd’hui indissociable des inventions graphiques de Bayard.
Entre mai et juillet 1888, le rédacteur en chef du journal L’Illustration commande à Émile Bayard une série de cinquante-huit dessins devant accompagner des extraits du dernier roman d’Alphonse Daudet, L’Immortel. Ce livre, en partie biographique, se veut une satire de la société intellectuelle française de la fin du XIXe siècle et raconte l’histoire de Léonard Astier, un historien ayant passé sa vie à tout faire pour intégrer l’Académie et devenir immortel. Au fil du texte, cet homme en quête de gloire croise une galerie de personnages hauts en couleur.
Pour le numéro du 2 juin, Bayard doit illustrer un passage du roman se déroulant dans une loge de la Comédie-Française. Celle-ci se divise en deux espaces ouverts l’un sur l’autre. Au premier plan, l’artiste représente un petit salon où les personnages ont pu déposer manteaux et chapeaux. Garni de lampes en applique, de fauteuils et d’une cheminée, l’endroit semble offrir un certain confort. Un jeune homme élégant et une femme se disputent violemment à l’écart. Il s’agit de Paul Astier, fils de l’académicien, traitant sa mère de gaffeuse au sujet d’une complexe histoire de mariage et d’argent. Vers le fond, un espace plus étroit s’ouvre sur la scène : c’est le balcon. Deux hommes d’un certain âge s’y tiennent debout et conversent avec une dame assise qui se désintéresse du spectacle derrière elle. À sa droite, une femme plus jeune, munie de jumelles de théâtre, semble au contraire captivée par ce qui se passe sur la scène. L’œuvre en grisaille, réalisée à l’encre noire et à la gouache blanche, fut gravée par Jules Huyot. L’ensemble des dessins pour L’Immortel fut publié sous forme de recueil par l’imprimerie du journal.