Cornélie-Louise REVEST (1795-1856)
Grétry enfant et le maître de chapelle, 1824
Huile sur toile
46 x 38 cm
Signé en bas à droite C. L. Revest / 1824
Exposition : Paris, Salon de 1824 (n° 2336) ; Lille, salon de 1825 (n°578) ; Douai, salon de 1825 (n° 471)
Bibliographie : Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure, lithographie et architecture des artistes vivans exposés au salon de Lille le 29 aout 1825, Lille, 1825, p. 69
Vendu
Cornélie-Louise Revest, née à Amsterdam en 1795, déménage très jeune à Paris où elle se forme à la peinture dans les ateliers de Sérangély et Vafflard. Elle débute au Salon de 1812, sous le nom de « Mlle Revest », en exposant Ossian chantant les exploits d’Oscar à Malvina. Dès 1814, elle connaît le succès avec son tableau, La Madeleine se jette aux pieds de Jésus-Christ, acquis par l’État pour la ville de Marseille. Cette première marque de reconnaissance officielle est suivie plus tard par l’octroi d’une médaille de deuxième classe qui récompense sa Toilette de Psyché exposée au Salon de 1819. Les titres des œuvres qu’elle expose dans les différents salons français montrent un choix de sujets variés : portraits, scènes de genre ou d’histoire. Mlle Revest trouve son inspiration tant dans la Bible que dans la mythologie et n’hésite pas à illustrer des épisodes plus anecdotiques tirés de l’histoire contemporaine. Ce sera le cas en 1824 avec sa toile intitulée Grétry enfant et le maître de chapelle.
André Grétry est un compositeur célèbre pour ses opéras-comiques, sa carrière s’est déroulée principalement en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Né à Liège en 1741, il découvre sa vocation en écoutant les opéras bouffes italiens et reçoit très tôt des leçons de chant et de composition. Cornélie-Louise Revest choisit de représenter le compositeur enfant. Le sujet de l’œuvre exposée au Salon de Paris en 1824 est explicité dans le livret à l’occasion de sa présentation au salon de Lille l’année suivante : « Étant enfant de chœur, il allait tous les matins à la chapelle de Liège, pour y prendre sa leçon de musique. Il arrivait avant le jour, et attendait, en dormant, que la porte s’ouvrit ». L’artiste montre le jeune élève aux boucles blondes, vêtu de noir, une lampe à la main, endormi sur des marches enneigées. À ses pieds sont disposés des partitions et son grand chapeau d’écolier. Apparaissant par le bâillement d’une porte, la figure du maître de chapelle, qui regarde Grétry avec bienveillance, se détache sur un fond couleur de braise.
Durant près de trente ans, jusqu’au Salon de 1843, Cornélie-Louise Revest expose régulièrement dans les différents salons de Paris et du nord de la France, tels Douai et Lille. Tout au long de sa carrière, elle reçoit de nombreuses commandes de copies avec une prédilection pour la peinture religieuse du XVIIe siècle. Si son travail de copiste a fait l’objet de quelques recherches, ses œuvres originales n’ont jamais été étudiées de manière approfondie. Mlle Revest, qui est l’une des artistes femmes ayant le plus souvent participé au Salon durant la première moitié du XIXe siècle, semble encore oubliée malgré le récent intérêt pour la place des femmes dans l’histoire de l’art. Malheureusement, aucune de ses toiles ne fut présentée dans l’exposition Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat, au musée du Luxembourg en 2021.