Jean-Baptiste BERLOT (1775-1836)
Vue ajustée de l’abbaye du Breuil en Normandie, vers 1829
Huile sur toile
65 x 54 cm
Porte sur le châssis l’annotation Abbaye du Breuil en Normandie
Exposition : Toulouse, salon de 1829 (n° 11)
Bibliographie : Catalogue de l’exposition des produits des beaux-arts et de l’industrie, dans les galeries du Capitole à Toulouse, 2e éd., Toulouse, 1829, p. 4
Acquisition par l’association des amis du musée de Dreux.
Né à Versailles, Jean-Baptiste Berlot étudie la peinture auprès d’Hubert Robert et assimile parfaitement son goût pour les vues d’architecture réelles ou imaginaires. Dès 1804 et jusqu’en 1836, il expose régulièrement à Paris mais également à Lille, Douai, Cambrai, Arras ou Toulouse. Fasciné par l’Italie, Berlot s’intéresse tout particulièrement aux ruines romaines mêlées de scènes pittoresques animées par de petites figures délicates. À partir de 1820, il renouvelle son vocabulaire architectural en substituant parfois aux édifices antiques et italiens des monuments médiévaux existants, à l’instar de Charles-Marie Bouton ou de François Marius Granet.
En 1825, Berlot expose au salon de Lille un premier tableau représentant l’abbaye du Breuil-Benoît, située dans l’Eure en Normandie et fondée en 1137 par Foulques de Marcilly. Le titre de cette œuvre, « Ruines de l’abbaye Dubreuil, près Dreux », témoigne des destructions occasionnées par la vente des bâtiments construits entre les XIIe et XIIIe siècles et vendus comme bien nationaux en 1791, qui seront en partie détruits par le nouveau propriétaire pour en récupérer les pierres. Ce tableau, passé en vente chez Sotheby’s à New York en 2016, nous informe de la présence de l’artiste sur le site dès 1825. Plus tard, Berlot représente une seconde fois ce lieu sur une toile de même format sous le titre de Vue ajustée de l’abbaye du Breuil en Normandie. Il la présente à Toulouse en 1829 à l’Exposition des produits des beaux-arts et de l’industrie. Le Salon de Paris n’avait en effet pu avoir lieu ni en 1828 ni l’année suivante. L’autre œuvre qu’il présente à cette occasion, la Vue ajustée du cloître et de la chapelle des Camaldules, à Naples, témoigne encore des inspirations italiennes d’Hubert Robert.
La mention « Vue ajustée » précédant le titre de la peinture de Berlot indique que le peintre a choisi de restituer l’abbaye dans un état antérieur à sa destruction partielle. L’ambiance générale de l’œuvre est marquée par de subtils effets de lumière qui éclairent certaines parties de l’architecture et en plongent d’autres dans la pénombre. Les voûtes de pierre à l’aspect moussu sont traitées avec une technique proche des effets de l’aquarelle qui évoque la manière de Granet. Au centre de la nef, Berlot a placé un moine étendu en prière sur la base d’une colonne ornée de statues, tandis que, plus loin, deux autres religieux s’éloignent vers le fond de l’édifice.