Adrien DAUZATS (1804-1868)
Le Vieux pont Saint-Michel à Paris, avec vue sur Notre-Dame, vers 1830
Huile sur toile
16 x 22 cm
Cachet à la cire rouge de la vente Dauzats sur le châssis
Numéroté sur le cadre d’origine 128
Provenance : vente après décès de l’artiste, Paris, hôtel Drouot, 1er-4 février 1869, n° 128 (partie des n° 115 à 137 « Vues diverses. / Vingt-trois études. »)
Acquisition par la Fondation Custodia
À Bordeaux dont il est originaire, Adrien Dauzats se forme d’abord au métier de décorateur de théâtre auprès de Thomas Olivier. En 1823, il vient s’installer à Paris et entre dans l’atelier du paysagiste Michel-Julien Gué. Employé au Théâtre-Italien, il collabore avec Blanchard et Mathis avant d’être remarqué par le baron Taylor qui sollicite sa contribution pour l’illustration des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Dauzats prend très tôt l’habitude de travailler sur le motif et s’attache à restituer fidèlement les paysages et les architectures qu’il croise tout au long de ses nombreux voyages en France, en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Sa maîtrise du dessin, de l’aquarelle et de la lithographie lui permet de largement diffuser son travail. Grâce à Taylor, il fréquente le salon de l’Arsenal créé par Charles Nodier et se lie d’amitié avec la jeune génération des romantiques dont font partie Eugène Delacroix et Alexandre Dumas.
Dès 1823, et jusqu’à la fin de sa vie, Adrien Dauzats réalise de nombreuses vues de Paris. L’architecture de la cathédrale Notre-Dame, en particulier, semble attirer à plusieurs reprises son attention. La Bibliothèque nationale de France conserve plusieurs dessins et lithographies de Dauzats représentant des vues intérieures et extérieures ainsi que de différents détails du monument. À la faveur du romantisme et du goût dit « troubadour » qui se développent en France, la cathédrale et son architecture gothique, popularisées par le roman de Victor Hugo publié en 1831, connaissent un regain d’intérêt. À cette même époque, Dauzats réalise une petite toile représentant l’île de la Cité vue depuis la rive gauche de la Seine. Les deux tours du célèbre édifice dominent la ligne d’horizon dans le lointain mais peinent à se détacher sur un fond de ciel aux tons gris-bleu. Au premier plan, le vieux pont Saint-Michel et ses quatre arches précède le Petit-Pont puis le pont Saint-Charles et sa galerie couverte qui reliait l’Hôtel-Dieu à la rive gauche. Ces trois passages de pierre sur la Seine seront détruits ou remplacés au milieu du XIXe siècle.
L’œuvre peinte à l’huile par Dauzats adopte une technique dont l’effet final s’apparente à celui de l’aquarelle. Conservée par l’artiste jusqu’à sa mort, cette petite huile sera vendue sous le numéro 128 lors de la dispersion de l’atelier Dauzats en février 1869. Le MUDO-Musée de l’Oise à Beauvais conserve dans ses collections une huile sur papier de Corot de même sujet mais dont le point de vue en contre-plongée pris depuis les berges confère au pont Saint-Michel un gigantisme absent de l’œuvre de Dauzats.