Louis Henri de RUDDER (1807-1881)
Esquisse pour le ‘Portrait en pied du Roi’ Louis-Philippe (1773-1850), vers 1842
Huile sur toile
34 x 25,5 cm
Porte une étiquette au dos de Rudder / Esquisse du portrait de Louis Philippe […] à la cour des comptes en 1871
Vendu
Les Trois Glorieuses, qui forcent Charles X à la fuite, permettent à son cousin, Louis-Philippe d’Orléans, de monter sur le trône. Bien que « roi des Français » et non plus « roi de France », Louis-Philippe maintient certains usages de l’Ancien Régime. Les portraits officiels des monarques, outils indispensables du pouvoir, répètent, depuis Louis XIV, les codes et symboles choisis par le peintre Hyacinthe Rigaud en 1701 pour représenter le Roi-Soleil alors âgé de soixante-trois ans. Après François Gérard et Franz Xaver Winterhalter, Louis Henri de Rudder, un artiste moins célèbre, actualise à son tour l’image du roi, douze ans après son accession au trône.
Né à Paris en 1807, Louis Henri de Rudder entre à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1827 où il a pour professeurs Antoine-Jean Gros et Nicolas-Toussaint Charlet. Le peintre débute au Salon en 1834 et reçoit plusieurs récompenses tout au long de sa carrière. Son portrait officiel de Louis-Philippe, exposé au Salon de 1842, est aujourd’hui disparu. Sa composition nous est cependant connue grâce à son esquisse préparatoire dont l’agencement général reprend globalement celui du portrait de Louis XIV par Rigaud. Le souverain pose debout, les regalia disposés sur une table près de lui ; l’arrière-plan fermé par un rideau laisse apparaître une colonne, symbole de stabilité du pouvoir. Le trône s’inspire de celui à dossier circulaire créé par Jacob-Desmalter d’après un dessin de Percier et Fontaine pour Napoléon. Comme chez Gérard et Winterhalter, Louis-Philippe adopte l’uniforme militaire et ne s’appuie pas sur le sceptre mais sur la Charte constitutionnelle du 14 août 1830 sans laquelle il ne serait pas roi. Dans Les Guêpes, Alphonse Karr relate en 1842 les conditions particulières dans lesquelles l’œuvre semble avoir vu le jour:
« Un jour que le roi donnait séance à M. de Rudder, il prit envie S. M. de faire le tour du Musée et elle pria M. de Rudder de l’accompagner avec M. de Cayeux [Alphonse de Cailleux] qui se trouvait là. Pendant qu’on traversait les appartemens [sic], M. de Cayeux, qui aime beaucoup les conseils… quand il les donne, avait pris M. de Rudder à part, et lui avait dit à voix basse : Il y a une chose dont il faut que je vous avertisse ; le roi n’aime pas qu’on soit trop près de lui, restez un peu en arrière. […] S. M., impatientée de ne pas voir M. de Rudder, avec qui elle voulait causer, lui crie d’un peu loin : Mais, monsieur, je vous en prie, venez à côté de moi ! «
Selon une étiquette au revers de l’esquisse, l’œuvre définitive fut détruite pendant la Commune dans l’incendie de la Cour des comptes en 1871. Probablement placée là après son exposition au Salon de 1842 (n° 1665), la toile dut être remisée après la révolution de 1848 puis oubliée jusqu’à sa destruction. Sous le Second Empire, Louis Henri de Rudder poursuit sa carrière en exposant régulièrement au Salon des peintures, mais également des dessins et des lithographies. L’impératrice Eugénie, sensible aux arts graphiques, lui achète en 1857 à titre privé un dessin intitulé Les Étoiles. Celui-ci sera exposé au Salon la même année, affublé de la prestigieuse mention dans le livret « Appartient à S. M. l’Impératrice ». Obtenant des commandes officielles, il réalisera un certain nombre de compositions religieuses et sera nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1863.