Louis BOULANGER (1806-1867)

Deux jeunes bergers, vers 1846
59,5 x 54 cm
Huile sur toile 
Signé en bas à droite L. Boulanger

Vendu

Louis Boulanger, que Victor Hugo appelle « mon peintre », est l’une des figures incontournables du mouvement romantique. Peintre, illustrateur, décorateur, passionné de théâtre et de musique, il nous a laissé des œuvres aujourd’hui indissociables de la vision que nous conservons de la scène artistique parisienne dans la première moitié du XIXe siècle. Né en 1806, Louis Boulanger entre à l’âge de quinze ans aux Beaux-Arts de Paris. Inscrit dans l’atelier de Guillaume Guillon-Lethière, il participe une seule fois en 1824 au concours du Prix de Rome. Très tôt, il se lie avec les frères Devéria et les artistes de la génération romantique. La critique salue son Supplice de Mazeppa pendant le Salon de 1827 au cours duquel il partage les cimaises avec Eugène Devéria qui expose La Naissance d’Henri IV mais également avec Eugène Delacroix qui présente La Mort de Sardanapale. Pendant ce même Salon, Louis Boulanger expose au côté de son Mazeppa une autre œuvre intitulée Une famille espagnole. La péninsule Ibérique et ses habitants lui servent encore d’inspiration pour les Muletiers espagnols qu’il présente au Salon de 1833. Pourtant, il semble qu’à cette époque le peintre n’ait encore jamais visité l’Espagne.

Cette attirance pour le pays de Cervantès sera finalement assouvie en 1846 lorsqu’Alexandre Dumas invite Louis Boulanger à l’accompagner en Espagne pour assister aux mariages royaux d’Isabelle II et de l’infante Louise-Fernande. Le fils d’Alexandre Dumas, l’écrivain Auguste Maquet et Paul, leur serviteur, sont également du voyage. L’écrivain Adolphe Desbarrolles et le peintre Eugène Giraud, partis plus tôt, les attendent sur place. Après plusieurs jours de route au départ de Paris, en passant par Tours et Bordeaux, l’équipage décide de faire une halte à Bayonne dans les premiers jours d’octobre. Dans son récit de voyage, publié sous le titre Impressions de voyage : De Paris à Cadix, Dumas évoque la joie de Boulanger qui découvre à Bayonne des modèles qui acceptent de poser gratuitement. Il est possible que ce soit le cas des deux bergers peints par l’artiste d’après l’un de ses dessins de voyage. Le plus jeune des deux garçons se tient debout et joue de la dolçaina sous le regard admiratif de son aîné assis sur une pierre. Derrière eux, le bleu de la mer et du ciel contraste avec l’ocre clair du relief sur lequel les deux jeunes gens sont installés. Un paysage à l’aquarelle datant de 1846 et conservé dans les collections de la Maison Victor-Hugo à Paris pourrait avoir servi au peintre de modèle pour le décor de fond. Ce tableau qui évoque le thème des pifferari cher aux artistes visitant l’Italie reste probablement l’un des rares souvenirs du passage de Boulanger au Pays basque. De son périple, le peintre rapporte une série d’aquarelles représentant des danseuses espagnoles mais attendra le Salon de 1850 pour exposer une toile directement inspirée par ce voyage : Un coin de rue à Séville. 

En 1855, le peintre Eugène Giraud, que Dumas et Boulanger avaient retrouvé à Madrid, réalise en souvenir de leur voyage un portrait de groupe où chacun des participants est représenté sur une route de montagne escarpée. Louis Boulanger s’y tient allongé sur sa monture, à droite de la composition. 

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