Victor PROUVÉ (1858-1943)

Vendu

Médée furieuse, vers 1877-1880
Crayon et lavis d’encre sur papier
32,5 x 24,5 cm
Signé en bas sur la droite VProuvé 

Vendu

Issu d’une famille d’artisans d’art, Victor Prouvé apprend les rudiments du métier auprès de son père, un dessinateur en broderie et céramiste. Très jeune, ses talents graphiques sont remarqués par la famille Gallé. En 1873, il entre à l’école municipale de dessin de Nancy sous la direction de Louis Théodore Devilly. Durant cette période, il se lie d’amitié avec Louis Majorelle, Camille Martin et Émile Friant. Quittant sa Lorraine natale quatre ans plus tard pour la capitale, il intègre l’atelier d’Alexandre Cabanel à l’École des Beaux-Arts. Dès son arrivée à Paris, le jeune artiste découvre les œuvres exposées au Salon de 1877. Aimé Morot, peintre originaire de Nancy comme lui et ancien élève de Cabanel, présente cette année-là une toile monumentale, réalisée à Rome pendant son pensionnat, qui représente Médée et ses enfants

Mythique magicienne grecque, Médée apparaît chez Hésiode puis dans les tragédies antiques d’Euripide et d’Apollonios de Rhodes. Tombée amoureuse de Jason qu’elle a aidé à obtenir la Toison d’or, Médée vit dix années de bonheur avec lui et donne naissance à deux garçons. Finalement trahie et répudiée par son mari, elle décide de se venger en tuant leurs enfants avant de s’enfuir. Le sujet, qui avait déjà inspiré Eugène Delacroix en 1838, est repris par Aimé Morot qui décide de représenter la mère avec ses deux enfants encore vivants. Saisie durant les quelques instants qui précèdent son crime monstrueux, Médée se tient face au spectateur. Il est probable que cette œuvre aura profondément marqué Victor Prouvé qui, suite à sa visite du Salon, décide lui aussi d’explorer ce thème. Sur la feuille du jeune artiste, Médée, debout, adossée à un mur, traîne la dépouille de ses deux fils qu’elle vient d’assassiner. Sous une épaisse chevelure noire, son visage trahit la fureur et l’effroi. Les corps des deux enfants aux pieds de leur mère, tournent comme les fils d’Ugolin autour de leur père dans la célèbre sculpture de Jean-Baptiste Carpeaux. 

Techniquement, le dessin peut être rapproché d’un ensemble de feuilles à l’encre sur le thème de la défaite des Cimbres réalisé à la fin des années 1870. Les œuvres de jeunesse de Victor Prouvé sont rares mais souvent reconnaissables à leurs sujets torturés. L’artiste, qui reçoit à la même époque quelques commandes de copies d’après les maîtres, n’entame véritablement sa carrière officielle qu’au Salon de 1882 avant de devenir l’un des principaux représentants de l’École de Nancy au tournant du siècle.