Saint Isidore laboureur, vers 1878
Mine de plomb sur papier
28 x 22 cm
Titré en bas au milieu St. Isidore
Né à Paris mais d’origine nantaise, Luc-Olivier Merson entre en 1864 à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier d’Isidore Pils. Il obtient en 1869 le premier grand Prix de Rome avec Le Soldat de Marathon. Ce titre lui permet de partir se former en Italie pendant quatre ans. À son retour, Merson débute une carrière de décorateur et présente au Salon des peintures souvent religieuses au style teinté de mysticisme et souvent inspirées par le Moyen Âge. Ses œuvres sont régulièrement acquises par l’État pour enrichir les collections des musées des Beaux-Arts de province. En 1879, Merson expose Le Repos en Égypte, œuvre destinée à devenir parmi les plus célèbres de sa production. L’État n’en fait pourtant pas l’acquisition et lui préfère la seconde toile présentée par le peintre : Saint Isidore laboureur.
Moins connue que celle d’Isidore de Séville, l’histoire de saint Isidore le Laboureur est celle d’un jeune ouvrier agricole espagnol né à la fin du XIe siècle à Madrid. Très pieux, Isidore est molesté par ses congénères qui l’accusent de préférer la prière au labeur. Son maître, Juan de Vargas, finit par tendre l’oreille aux rumeurs répétées par les autres ouvriers et espionne Isidore pour vérifier qu’il effectue correctement son travail. Un jour où il le guette, Isidore est surpris en train de prier, mais son employeur, tournant la tête vers les champs, voit les bœufs tirant la charrue guidés par des anges invisibles. Non croyant, Juan de Vergas se convertit alors au christianisme. Par la suite, les légendes attribuent à Isidore plusieurs miracles de son vivant et les fidèles après sa mort relatent de nombreux cas de guérison de malades venus se recueillir sur sa tombe. À la demande de Philippe III d’Espagne, lui-même guéri grâce à son intercession, le pape Grégoire XV accepte la canonisation d’Isidore en 1622.
Dans le tableau exposé par Merson au Salon de 1879, Isidore prend les traits d’un jeune ouvrier agenouillé et levant la tête vers le ciel. Au cours de l’année 1878, le peintre multiplie les études et cherche longuement sa composition. Ses premiers essais, dont témoigne une aquarelle conservée aujourd’hui en collection particulière, montrent Isidore en prière, la tête baissée et un chapelet serré entre ses mains. Le dessin représentant un jeune homme nu tenant le rosaire prépare cette première composition. Dans le coin supérieur droit, Merson a d’abord esquissé le bas du visage d’Isidore avant de centrer son sujet. Tracé à la pierre noire, ce dessin précis résulte d’une séance d’atelier, devant le modèle, intervenue au début de la conception de l’œuvre.