Luc-Olivier MERSON (1846-1920)

L’Éducation de Quasimodo, vers 1889
Plume, encre de Chine et lavis sur papier
8,5 x 16,5 cm (à vue)
Signé du monogramme en bas à gauche L.O.M.
Annoté sur la feuille en bas à droite VOL. 1 LIV. IV. Chap. IV
Provenance présumée : collection Émile Testard (1830-1895) (selon une étiquette au dos de l’encadrement d’origine)

Acquisition par la Maison Victor Hugo, Paris



Les personnages de Victor Hugo ont souvent pris forme dans l’imaginaire collectif grâce à leur représentation par les artistes. Peintres, sculpteurs et illustrateurs se saisissent très tôt des figures hugoliennes pour des œuvres aux sujets inédits. Louis Boulanger, Achille et Eugène Devéria, Alfred et Tony Johannot ou Célestin Nanteuil sont parmi les premiers à donner corps aux descriptions d’Hugo. Tous membres du Cénacle, ils écoutent l’auteur lire des passages de ses textes avant même que ces derniers ne soient publiés. Louis Boulanger, que Victor Hugo appelait affectueusement « mon peintre », commence à illustrer Notre-Dame de Paris alors que le roman n’est pas encore achevé. Ce texte en particulier va durablement inspirer les artistes depuis sa parution en 1831 jusqu’à aujourd’hui. La sensuelle Esméralda, le beau Phœbus, la jalouse Fleur-de-Lys, le terrible Frollo et bien sûr le mythique Quasimodo vont peu à peu prendre forme au fil des années. Le XIXe siècle voit l’essor des livres illustrés et offre de nombreuses interprétations graphiques du roman. Si Victor Hugo s’oppose à ce que l’édition originale de ce livre soit accompagnée de gravures, il autorise leur présence pour les éditions suivantes. 

À la fin des années 1870, le peintre Luc-Olivier Merson débute une activité d’illustrateur en travaillant, par l’intermédiaire de Mame à Tours, sur La Vie de sainte Élisabeth de Hongrie, texte de Charles de Montalembert publié en 1878. Quelques années plus tard, l’artiste s’intéresse pour la première fois au roman hugolienet réalise un splendide dessin représentant Quasimodo accroché à une gargouille de la cathédrale. À la fin des années 1880, l’éditeur Émile Testard fait appel à Merson pour illustrer une nouvelle édition de Notre-Dame de Paris. L’œuvre, qui sera finalement composée de soixante-douze dessins gravés par Adolphe-Alphonse Géry-Bichard, apparaît comme l’un des projets majeurs de la carrière de l’artiste. 

Dans « Le chien et son maître »,chapitre IV du livre IV du premier volume, Merson illustre les liens entre l’archidiacre Frollo et son filleul Quasimodo, le sonneur de cloches. Traité dans un subtil camaïeu de gris, le jeune bossu de Notre-Dame pose la main droite sur son tuteur qui a refermé un livre. Ils sont tous les deux assis sur un coussiège, devant une baie en cul-de-bouteille. La relative tendresse qui semble transparaître entre les deux personnages dans cet épisode du roman contraste avec la vision d’une relation de bourreau et victime souvent retenue par les lecteurs.


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