Jean-Charles CAZIN (1841-1901)
Portrait du fils de l’artiste, Michel Cazin (1869-1917), vers 1882
Pierre noire sur papier
42 x 25 cm
Signé en haut à droite JC CAZIN
Présence au verso d’une étude pour la même figure
Vendu
Jean-Charles Cazin est né en 1841 dans la petite ville de Samer, à dix kilomètres de Boulogne-sur-Mer. Au début des années 1860, il s’installe à Paris où il est inscrit à l’école gratuite de dessin dirigée par Horace Lecoq de Boisbaudran et fait la connaissance d’Auguste Rodin. En 1868, Cazin se marie et déménage à Tours pour devenir directeur de l’école de dessin et du musée des Beaux-Arts. L’année suivante, son épouse Marie, elle-même artiste, donne naissance à un fils prénommé Michel. Après la guerre de 1870, toute la famille part pour Londres. Jean-Charles retrouve dans la capitale anglaise d’autres artistes français comme le peintre Alphonse Legros et le sculpteur Jules Dalou. Lui-même continue de dessiner et de peindre, tout en poursuivant des recherches sur la céramique, débutées à Samer puis à Paris. De retour en France en 1875, il travaille sur une importante série de toiles dont plusieurs sont inspirées par la Bible. Au Salon de 1880, il expose deux peintures de grand format qui attirent l’attention des critiques et rencontre un succès public retentissant. Le premier tableau, Agar et Ismaël, est acquis par l’État pour le musée du Luxembourg (aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Tours) et le second, Tobie et l’Ange, par la ville de Lille pour son musée. Les œuvres de Cazin sont pourtant surprenantes car elles ne recherchent pas l’exactitude historique. Les costumes des personnages sont souvent ceux des contemporains du peintre et les décors représentent des paysages de sa région natale. Son fils Michel lui sert de modèle dans la première composition pour la figure d’Ismaël et prête ses traits à l’ange qui accompagne Tobie, dans la seconde.
Dès son plus jeune âge, Michel prend la pose devant son père. Sur un dessin tracé à la pierre noire et relevé de craie blanche, il apparaît sensiblement plus âgé que dans Agar et Ismaël. Assis, de dos, il tourne la tête et nous présente son visage de profil. Cette technique de fines hachures juxtaposées et croisées induit une impression de mouvement et anime la figure de l’adolescent qui semble se retourner, comme surpris. L’esthétique de cette feuille témoigne de l’influence des peintres préraphaélites fréquentés par Cazin durant son séjour en Angleterre. Tout au long de son adolescence, Michel apprend le dessin et la sculpture auprès de ses parents. Il débute à son tour au Salon en 1888 en présentant six gravures, six médailles, un dessin et une sculpture, preuve de la variété de ses talents. Père et fils exposent ensemble aux États-Unis en 1893 puis Jean-Charles se retire dans le Pas-de-Calais pour se consacrer à l’étude des paysages durant les dernières années de sa vie. De son côté, Michel poursuit une brillante carrière jusqu’à sa mort accidentelle en 1917 à Boulogne-sur-Mer.