Jean Ignace Isidore GÉRARD, dit GRANDVILLE (1803-1847)

Vendu

Portrait-charge de Rachel (1821-1858), vers 1843
Plume et aquarelle sur papier
16,9 x 9,5 cm
Annoté sur la feuille de montage Rachel par Granville 

Vendu

Originaire de Nancy, Jean Ignace Isidore Gérard, plus connu sous le pseudonyme de Grandville, passe son enfance dans une famille qui compte de nombreux artistes, peintres ou comédiens. Adolescent, il apprend le dessin en copiant des caricatures dans les journaux et, fort d’un talent certain, décide de tenter sa chance à Paris. Dès son arrivée dans la capitale, il fournit des planches satiriques à différents périodiques en vogue, dont L’Artiste, Le Charivari et La Caricature. Entre 1828 et 1829, Grandville publie un recueil intitulé Les Métamorphoses du jour qui rencontre un grand succès populaire. Véritable comédie humaine composée de soixante-dix dessins, l’ouvrage met en scène des animaux anthropomorphes qui singent les mœurs du temps. Lassé par les contraintes de plus en plus sévères que lui impose la censure, Grandville s’éloigne de la caricature sociale et se consacre à l’illustration de livres tels que les Fables de La Fontaine, Don Quichotte, Les Voyages de Gulliver ou Les Aventures de Robinson Crusoé

Depuis sa jeunesse, Grandville entretient un rapport particulier avec le théâtre et les acteurs. Petit-fils de comédiens, il fréquente très tôt les salles de spectacle et noircit ses premiers carnets de danseuses en répétition, de musiciens assis dans leur fosse et d’acteurs en costume d’époque. À son arrivée à Paris en 1825, il est hébergé chez son cousin Lemétheyer qui occupe les fonctions de régisseur général du théâtre royal de l’Opéra Comique et lui donne accès aux coulisses. Quinze ans plus tard, Grandville, devenu célèbre, peut voir la jeune Rachel débuter sur les planches de la Comédie-Française. L’actrice âgée de dix-sept ans se fait rapidement remarquer pour ses rôles d’héroïne tragique dans les pièces de Corneille, de Racine et de Voltaire. Ses interprétations de Camille dans Horace et d’Hermione dans Andromaque en 1838 la rendent immédiatement célèbre. En 1843, elle joue Phèdre au Français et entame une tournée qui la mène à Rouen, Marseille et Lyon. Cette reconnaissance nationale attire les portraitistes qui fixent son image pour l’éternité mais également les caricaturistes qui raillent son jeu et sa physionomie. Grandville ne manque alors pas l’occasion de saisir ses crayons pour charger l’actrice sous la forme d’un épouvantail. Un balai de paille au manche d’une longueur démesurée est affublé d’un costume en torchon blanc déchiré et d’une boule couronnée en guise de tête. Au mur, deux affiches à en-tête du Théâtre-Français annoncent les pièces phare de la comédienne : Phèdre et Andromaque.