Gustave DORÉ (1832-1883)
Le Lion, 1848
Encre sur papier
17,5 x 10,1 cm
Signé en bas à droite Doré
Vendu
Gustave Doré est né le 6 janvier 1832 à Strasbourg. Précoce, il réalise ses premiers dessins à l’âge de cinq ans et illustre ses cahiers d’écolier en noircissant les marges d’un bestiaire fantaisiste. Dans les journaux et les livres d’images, il découvre les caricatures de Cham et Töpffer, mais surtout celles de Grandville qui deviendra son principal modèle. À neuf ans, il déménage avec sa famille à Bourg, dans l’Ain. Ses nouveaux professeurs remarquent immédiatement son talent de dessinateur et l’encouragent dans cette voie.
En 1845, le jeune Gustave Doré a l’opportunité de publier trois dessins pour la première fois. Confiés à l’imprimeur Ceyzeriat de Bourg, ils sont lithographiés. L’une de ces planches, La Vogue de Brou, témoigne de la forte influence des dessins anthropomorphes de Grandville sur ses œuvres de jeunesse. La scène, composée avec talent, représente des villageois à têtes d’animaux en train de danser. Deux ans plus tard, à l’occasion d’un séjour parisien avec son père, Gustave, qui n’a encore que quinze ans, s’absente pour se présenter dans le bureau de Charles Philipon sans y avoir été invité. Le directeur des journaux La Caricature et Le Charivari, surpris par la qualité et la maturité des dessins du jeune homme, lui propose immédiatement de signer un contrat. Malheureusement, le père de Gustave s’oppose à ce que son fils embrasse une carrière artistique. Il faudra six mois de négociation et le soutien de sa mère pour que le jeune artiste soit laissé libre de poursuivre sa vocation. Après un premier album paru en 1847, Les Travaux d’Hercule, Doré publie régulièrement des planches de caricatures dans Le Journal pour rire.
Pour le numéro de mars 1848, Gustave Doré fournit une planche complète titrée Cours d’histoire naturelle. La page,toujours très inspirée par Grandville,se divise en cinq saynètes. La première, placée en haut à gauche, porte le sous-titre d’Ex-Gentils hommes et représente quatre personnages élégants affublés de têtes d’animaux : un héron, un lion, un dogue et un lévrier. Un dessin à l’encre prépare à la figure du lion isolé. Le roi des animaux se tient debout et fume une cigarette. Enfermé dans un manteau trop serré et coiffé d’un haut-de-forme, il porte une canne sous le bras. Dans la gravure, la cigarette disparaît, remplacée par un lorgnon que le personnage porte à ses yeux. Cette caricature de lion évoque très directement un dessin publié par Grandville pour illustrer en 1841 Voyage d’un lion d’Afrique à Paris d’Honoré de Balzac. Gustave Doré remplace d’abord le cigare par une cigarette puis la retire dans sa gravure définitive pour ne pas forcer le rapprochement avec son modèle.