Pierre DUVAL LE CAMUS, dit CAMUS le Père (1790-1854)

Portrait d’Athanase Legros (1784-1846), vers 1835
Huile sur toile
41 x 31,5 cm
Signé en bas à droite Duval L.C
Porte un papier au revers avec la mention –Athanase Legros / père de Alexandre Legros / en uniforme d’off.[icier] d’artillerie / grand père de Marie (?) Legros  / Madame Anatole Lefranc […] / arrière gd-père de […] / En sa / Propriété « Luter » (Loir et Cher) /- […] Vendue aux Vaufreland

Vendu

Fils d’un maître-vitrier de Lisieux, Pierre Duval est envoyé à dix-huit ans par ses parents à Paris pour débuter une carrière de commerçant. L’effervescence de la capitale le pousse cependant à entreprendre une formation artistique, d’abord chez le peintre et sculpteur Claude Gautherot, puis, en 1808, dans l’atelier de Jacques-Louis David dans lequel il se distingue. Le jeune Lexovien se spécialise par la suite dans les scènes de genre intimistes et dans les portraits en plein-air de notables de la bourgeoisie montante et de la petite aristocratie. À partir de 1819, il expose continûment au Salon et ce jusqu’en 1853. Sous la Restauration, il compte parmi ses clients la duchesse de Berry et Louis XVIII, et en 1831, Louis-Philippe. À l’occasion du Salon de 1831 ; un critique vante ses mérites : « Il y a chez M. Duval une foule de petits portraits en pied fort agréable. Le genre lui a réussi beaucoup » (1). En 1833, il expose dix-sept tableaux au Salon. Les critiques sont éloquentes, surtout pour ses petits portraits en pied « qui sont une des spécialités heureuses de Mr Duval Le Camus. Certes, ces petits portraits ne sont pas des Porbus [sic] ou des Gérard-Dow [sic], mais ils sont très-bien » (2). Sous l’Empire, Pierre Duval avait épousé Aglaé Virginie Le Camus d’Houlouve. Dès les années 1810, Duval adjoignit le nom de jeune fille de sa femme à son patronyme. Ce mariage le propulse dans la bonne société parisienne, le père de celle-ci étant officier de cavalerie et son grand-père avocat et bâtonnier de l’ordre du Parlement de Paris. De cette union naît en 1814 un premier enfant, Jules Alexandre, qui sera peintre à son tour. Pierre Duval Le Camus, pour se différencier de son fils, se fait appeler « Camus le Père ».

Ces contacts avec la bonne société lui permettent de rencontrer et de réaliser le portrait d’Athanase Legros. Né à Blois en 1790, le notable d’une quarantaine d’années, fixe ici le spectateur dans sa propriété du Loir-et-Cher. Fièrement accoudé à un guéridon garni d’un chapeau, d’un tissu et d’un ouvrage, le modèle pose, les jambes écartées et la main droite fermée sur le haut de sa jambe. Derrière lui, on aperçoit un parc et au loin le clocher d’une église. L’identité du modèle nous est parvenue grâce à un papier collé sur le châssis qui permet également d’identifier le second portrait, représentant son fils Alexandre, à côté duquel il était conservé dans la famille. Ayant déjà reçu la Légion d’honneur en 1831, Athanase fut élu maire de l’ancien IVe arrondissement de Paris (3) de 1834 à 1839 (4), et membre du conseil général de la Seine (5). Il est aujourd’hui inhumé dans le caveau familial au Père-Lachaise avec son fils. En 1837, Duval Le Camus fonde le musée d’Art et d’Histoire de Lisieux et est nommé à son tour chevalier de la Légion d’honneur. Installé à Saint-Cloud en 1848, il en est maire de 1853 à 1854. C’est d’ailleurs l’exposition organisée au musée des Avelines de Saint-Cloud en 2010 qui a sorti de l’ombre cet artiste célèbre en son temps.

(1) Auguste Jal, Salon de 1831. Ébauches critiques, Paris, juillet 1831, p. 111.
(2) Auguste Jal, Salon de 1833. Les Causeries du Louvre, Paris, 1833, p. 289.
(3) Actuellement à cheval entre les Ier et IVe arrondissements.
(4) Ordonnance du Roi du 24 janvier 1838, Journal des débats politiques et littéraires, 26 janvier 1838.
(5) Jules Moiroux, Le Cimetière du Père Lachaise, Paris, 1908, p. 226.

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