Attribué à Jean-Baptiste MAUZAISSE (1784-1844)

Allégories des Quatre Éléments, vers 1822
Huile sur panneau
32,6 x 24 cm
Porte une marque au pochoir au dos non identifiée […] à Paris

Vendu

Sous la monarchie restaurée des Bourbons, le palais du Louvre se pare de nouveaux décors conformément au goût romantique de l’époque (1) : dès 1818, Pierre-Paul Prud’hon est pressenti pour le plafond du grand escalier (2) ; la rotonde est l’année suivante confiée à Merry-Joseph Blondel et Auguste Couder. En 1822, c’est au tour de Jean-Baptiste Mauzaisse d’être chargé de décorer la salle des Bijoux, actuelle salle des verres antiques.

Né en 1784 à Corbeil, le peintre est un élève de François-André Vincent. Il débute sa formation à l’École des Beaux-Arts en 1803 et expose au Salon à partir de 1808. En 1817, Jean-Baptiste Mauzaisse se voit confier par Louis XVIII la réalisation de plusieurs dessus-de-porte pour le château de Versailles. Ceux-ci représentent Tantale, Prométhée et les Danaïdes. Exposées au Salon de 1819, ces toiles, destinées à la « Chambre à coucher de Louis XIV », sont livrées à Versailles en 1820 en même temps que Sisyphe roulant son rocher d’Abel de Pujol conçu pour la même pièce. La notoriété de Mauzaisse lui permet de recevoir la prestigieuse commande en 1821 pour le décor la salle des Bijoux. Le programme comporte les allégories des quatre saisons pour les voussures, les quatre éléments pour les dessus-de-porte, tandis que des représentations des Arts, des Sciences, du Commerce et de la Guerre doivent être placées en entre-deux des fenêtres (3). Le centre du plafond est dédié au Temps montrant les ruines qu’il amène et les chefs d’œuvre qu’il laisse ensuite découvrir. Les allégories des Quatre Éléments que l’on peut observer aujourd’hui sur les dessus-de-porte sont figurées comme des enfants : le Feu est couché sur des coussins devant un volcan et à proximité d’une colonne à chapiteau composite ; la Terre se repose sur des gerbes de blé ; l’Eau est portée par un poisson ; et l’Air, muni d’ailes de papillon, vole en compagnie d’oiseaux.

Présentées sur un seul panneau et délimitées par des bandes dorées, quatre esquisses récemment découvertes sont très probablement la première pensée pour ce projet de dessus-de-porte. Mauzaisse aurait voulu, dans un premier temps, symboliser les Éléments par des allégories adultes. Tout en haut, l’allégorie de l’Air est aussi flanquée d’ailes de papillon et vole parmi des oiseaux. Le Feu est figuré en homme dans une montagne en feu. La Terre est une femme couronnée et adossée à une gerbe de blé mais ici accompagnée d’un lion. L’Eau est représentée en homme aux cheveux et à la barbe blanche. Tel Poséidon, il tient un trident et monte deux hippocampes dont les queues ne sont pas sans rappeler le poisson qui sera finalement retenu. Outre l’iconographie, le format et les divers éléments que l’on retrouve entre la première pensée et les dessus-de-porte réalisés, l’œuvre – plus particulièrement l’Allégorie du Feu – paraît stylistiquement proche de l’esquisse du Prométhée enchaîné (4), peinte en vue de la chambre de Louis XIV dans laquelle on retrouve des carnations et un traitement des couleurs brunes identiques. Dans la vente après décès de Mauzaisse à Paris le 19 mars 1845, le numéro 17 contient « Plusieurs esquisses et études diverses » avec la précision que « cet article sera divisé ». Il est possible que notre esquisse en ait fait partie.

(1) Sébastien Allard, Le Louvre à l’époque romantique. Les décors du Palais (1815-1835), Lyon-Paris, 2006.  
(2) Notice du musée du Louvre (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=5864).
(3) Notice du musée du Louvre (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=16212).
(4) Jean-Baptiste Mauzaisse, Prométhée enchaîné, 1819, huile sur papier marouflé sur carton, 25,5 x 32 cm, Amiens, musée de Picardie.

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