Tony JOHANNOT (1803-1852)

Arsène Houssaye à son balcon, vers 1850
Huile sur panneau
27 x 21,5 cm

Vendu

Arsène Housset, plus connu sous le pseudonyme d’Arsène Houssaye, est un homme de lettres influent du milieu du XIXe siècle. Pilier de la presse artistique et littéraire française, il dirige notamment le journal L’Artiste grâce auquel il peut publier les œuvres de ses amis Gérard de Nerval et Théophile Gautier. Il fait également la promotion de jeunes auteurs tels que Charles Baudelaire, Théodore de Banville ou encore Champfleury. Suite à la révolution de 1848 et sur l’intervention de son amie Rachel, la célèbre tragédienne, Houssaye est nommé à la direction de la Comédie-Française par le président Louis-Napoléon Bonaparte, nouvellement élu. À la tête d’une immense fortune amassée grâce à plusieurs opérations boursières et à d’heureuses spéculations immobilières, il achète au cœur du parc de la Folie Beaujon, dans l’actuel VIIIe arrondissement de Paris, un magnifique hôtel particulier mêlant les styles gothique, Renaissance et hindou. Dans sa résidence, surnommée le « château à trois tours », il organise des fêtes fastueuses, ses célèbres « redoutes », au cours desquelles il reçoit ses amis, ainsi que de nombreuses personnalités du monde des arts et des lettres. 

Le peintre et illustrateur Tony Johannot choisit de représenter Arsène Houssaye à l’occasion de l’une de ces célèbres soirées. La fenêtre bordée de roses, devant laquelle l’homme de lettres est installé, se situe côté jardin. Accoudé à la grille du garde-corps, il semble pensif et ignore le cortège de femmes qui l’entoure. Assise à sa droite et vêtue d’une ample robe rouge, son épouse regarde vers l’intérieur du grand salon.  Debout, un peu plus sur la gauche, une jeune femme nous fixe du regard. Serait-elle l’élégante Rachel – déjà immortalisée par le sculpteur Jean-Auguste Barre et par plusieurs photographies – la main délicatement posée sur la joue. À droite une mystérieuse jeune fille habillée d’une capeline blanche complète le premier plan. Lorsque Arsène Houssaye publie en 1851 son livre intitulé Voyage à ma fenêtre,il demande au graveur Gabriel-Xavier Montaut de traduire la peinture de Johannot pour servir de frontispice à l’ouvrage. À cette occasion, l’auteur fait modifier quelques détails : il se fait représenter légèrement plus âgé et intègre son ami Théophile Gautier, assis à droite, à la place de la jeune fille en capeline. 

Le texte lui-même est un récit de voyage humoristique où l’auteur, depuis des balcons, analyse le monde qui l’entoure et la société de son temps. En plus de ses pensées ou opinions, il y évoque ses amitiés littéraires et décrit ses collections d’œuvres d’art amassées dans son château. Tony Johannot, que Théophile Gautier considère comme le « roi de l’illustration », décède à l’âge de quarante-huit ans, une année seulement après la publication de l’ouvrage d’Arsène Houssaye. Avec son frère aîné Alfred, il est l’un des plus talentueux artistes de l’époque romantique.

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