Louis Joseph César DUCORNET (1806-1856)

Autoportrait,1852
Huile sur toile
32 x 27 cm
Signé et daté en bas en droite C. DUCORNET né sans bras 1852
Dédicacé au revers sur la toile A Mme Chapuis /C. Ducornet /né sans bras./1852

Acquisition par le musée des Beaux-Arts de Tours

César Ducornet est né à Lille en 1806, affligé d’un très lourd handicap physique : il est dépourvu de bras et ses jambes sont atrophiés. Grâce à l’affection de ses parents, l’enfant apprend à se servir de ses pieds avec une agilité et une mobilité inattendues. Incapable de se déplacer, il s’essaie au dessin pour occuper ses journées et reçoit les conseils de son voisin, le peintre Watteau de Lille. Dès l’âge de douze ans, ses aptitudes attisent la curiosité de la presse locale et attirent l’attention de certains mécènes qui financent son entrée à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1823. Après s’être formé auprès du peintre Guillaume Guillon-Lethière, il participe régulièrement au Salon et reçoit de nombreuses commandes de l’administration. Les critiques, généralement bienveillants à son égard, privilégient le plus souvent le caractère surprenant de ses capacités en occultant les spécificités esthétiques de ses œuvres. Le peintre montre effectivement un véritable don pour le dessin –  tout en étant bon coloriste –  et n’hésite pas à se confronter aux difficultés inhérentes à la réalisation de grands formats.

Sous la Restauration, Ducornet devient rapidement une célébrité dont la physionomie particulière fait le bonheur des caricaturistes. Si nous connaissons plusieurs exemples de dessins, de caricatures ou de gravures le représentant, seul un autoportrait peint était connu à ce jour. Conservée au musée des Beaux-Arts de Lille, cette œuvre est réalisée probablement entre 1825 et 1830, alors que l’artiste n’avait qu’une vingtaine d’années. Il choisit alors de se représenter assis, tenant la palette du pied gauche et son pinceau du droit, face au chevalet, sur lequel la toile en cours d’exécution montre un nu féminin. L’atelier est dépourvu de décor hormis quelques plâtres reposant sur une étagère. La découverte d’un deuxième autoportrait, daté de 1852, permet d’étudier l’évolution de la perception que l’artiste se fait de lui-même. À cette date, Ducornet n’est plus le centre de l’attention médiatique et poursuit une carrière académique. Avec l’âge, son statut social a évolué au gré de commandes chèrement rémunérées et le peintre s’est installé depuis 1845 dans une maison-atelier rue Visconti à Paris. Assis dans un fauteuil capitonné de vert, il termine le portrait d’une jeune femme. Autour de lui, le décor s’est densifié : les moulages ont laissé place à d’élégantes sculptures posées sur des sellettes et les murs vides se sont garnis d’accessoires exotiques. Derrière lui, en partie tronquée par le cadrage, la toile Saint Denis prêchant dans les Gaules atteste de la capacité de l’artiste à réaliser de grands formats malgré son handicap. Peint en 1844, le tableau ne peut plus être dans son atelier en 1852 puisqu’il orne à cette date la chapelle Saint-Denis de l’église Saint-Louis-en-l’Île, où il est toujours en place, bien que masqué derrière l’orgue de chœur.

Décédé en 1856, César Ducornet laisse une production abondante qui mériterait d’être étudiée au-delà du handicap qui lui a assuré la célébrité de son vivant.

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