Paul FLANDRIN (1811-1902)

Vue de Rome depuis le Pincio, 1834
Huile sur papier marouflé sur toile
18,5 x 27 cm
Signé en bas à gauche Paul Flandrin
Localisé et daté au revers de la feuille Rome 1834
Porte une inscription sur le châssis Rome du haut du Pincio / par Paul Flandrin.
Provenance : fonds d’atelier de l’artiste ; puis par descendance

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Avec Édouard Bertin et Alexandre Desgoffe, Paul Flandrin est l’un des rares élèves d’Ingres à s’être spécialisé dans l’art du paysage. Issu d’une famille de peintres lyonnais, Paul prend ses premières leçons de dessin avec son frère aîné Auguste. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Lyon, il se rend avec son autre frère Hippolyte à Paris où, ensemble, ils rejoignent l’atelier d’Ingres en 1829. Hippolyte remporte le Grand Prix de peinture d’histoire en 1832 et intègre la Villa Médicis à Rome. Cette année-là, Paul remporte le concours d’esquisses de paysage historique mais échoue au Grand Prix. Sans pension, il décide malgré tout de rejoindre son frère à Rome en 1834 pour parfaire sa formation. 

L’attirance de Paul Flandrin pour le paysage ne fait que se renforcer lorsqu’il découvre la campagne romaine et la lumière italienne. D’une grande simplicité, la composition de ce paysage est divisée en deux par la ligne d’horizon. Les lourds nuages striant le ciel gris bleu projettent leur ombre sur la ville traitée avec un jeu de brun et d’ocre. De l’ambiance crépusculaire de ce panorama émergent la silhouette d’un dôme, la façade d’une église au fronton hérissé de sculptures ou de flèches, ainsi que celle d’une colonne surmontée d’une statue. Sur la gauche, la ville, ses façades et ses toits s’éclairent à la lumière du soir avant de se perdre dans le lointain. Comme la plupart de celles réalisées à l’huile sur papier durant son voyage, l’œuvre n’était pas destinée au commerce mais à servir d’« image mémoire » pour des compositions futures. Une annotation au revers du châssis indique que la vue serait celle de « Rome depuis le haut du Pincio ». Une seconde mention à l’encre, découverte pendant la restauration de l’œuvre au dos du support, précise la localisation et la date : Rome 1834. Cependant, aucun panorama de la Ville éternelle ne peut a priori s’accorder précisément avec les éléments disposés ici par l’artiste. La façade baroque dont le fronton est surmonté de pinacles pourrait être celle de l’église des Santi Domenico e Sisto dans le rione Monti sur la colline du Quirinal. Le monument sur la droite correspondrait à la colonne Trajane qui se trouve à l’ouest de cette église et le dôme à gauche de la façade à celui de Santa Maria ai Monti ou de Santa Maria Maggiore. De retour à l’atelier, Flandrin dut omettre certains éléments et modifier certaines distances par désir de plier la réalité à ses choix esthétiques, tel un caprice architectural du XVIIIsiècle. 

À son retour en France en 1839, Paul expose régulièrement au Salon mais tarde à accéder à la reconnaissance. À partir de 1852, le peintre rencontre enfin le succès et reçoit le soutien de l’État qui lui achète régulièrement des œuvres. Une photographie prise dans son atelier vers 1900, peu de temps avant son décès, montre cette vue de Rome au crépuscule et témoigne de l’attachement de l’artiste pour ce paysage qu’il conserva pendant soixante-sept années.

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