Karl GIRARDET (1813-1871)

Vue de la ville de Tours depuis le château des Tourelles, 1853
Huile sur toile
38 x 46 cm (31 x 46 cm à vue)
Signé et daté en bas à droite Girardet 1853

Acquisition par le musée des Beaux-Arts de Tours

Petit-fils d’imprimeur et fils de graveur, Karl Girardet évolue avec ses deux frères Édouard et Paul dans une famille d’artistes. Suisse d’origine, il arrive en France à l’âge de neuf ans et se forme au métier de peintre à Paris dans les ateliers de Louis Hersent et de Léon Cogniet. Pour ses débuts au Salon en 1836, il expose des paysages animés inspirés d’un séjour de trois années passé dans son pays natal. Initié à la gravure dès l’enfance par son père, il participe comme illustrateur à de nombreuses publications telles que Le Magasin pittoresque ou Le Tour du Monde. Devenu l’un des peintres favoris de la famille royale sous la monarchie de Juillet, il reçoit régulièrement des commandes de Louis-Philippe, à titre officiel ou privé. La chute du régime en février 1848 déstabilise profondément Girardet qui décide de rejoindre son frère à Brienz en Suisse pour au moins deux ans. 

À son retour en France, le peintre reprend contact avec le célèbre éditeur Mame à qui il fournit des dessins depuis 1842. Créée à la fin du XVIIIe siècle, la maison d’édition tourangelle s’est spécialisée dans la production de livres destinés à la jeunesse et fait appel à de nombreux illustrateurs. Reprenant le principe du voyage pittoresque initié dans les années 1820 par Charles Nodier et le baron Taylor, l’éditeur ambitionne au début des années 1850 de réaliser un volume de référence sur la Touraine. Écrit par un groupe d’érudits locaux dirigés par l’abbé Bourassé, les textes sont accompagnés de nombreuses gravures dont les modèles sont confiés à François-Louis Français et Karl Girardet. Ce dernier est chargé de réaliser la Vue générale de la ville de Tours qui précède le chapitre consacré à la capitale de la région en page 66. L’auteur précise dans le corps du texte : « C’est des tourelles du Morier que M. Karl Girardet a peint la Vue générale de la ville de Tours ». Si l’ouvrage dans son intégralité est publié en 1855, au moment de l’Exposition universelle, la peinture qui sert de modèle au graveur est réalisée par Girardet en 1853. À l’occasion d’un séjour à Tours, probablement pour voir son éditeur et discuter du projet, le peintre choisit de s’installer au château des Tourelles, situé à quelques kilomètres au nord-ouest de la ville. Depuis la terrasse du domaine, il peut embrasser un panorama complet de la ville longée par la Loire. Traversant toute la composition, le pont de pierre, futur pont Wilson, enjambe le fleuve, dominé au loin par la haute silhouette de la cathédrale Saint-Gatien qui se détache sur un large fond de ciel. Au premier plan, le jardin et la terrasse sont animés par cinq personnages venus profiter d’un temps printanier. 

En 1855, au cours de l’Exposition universelle, Karl Girardet expose au palais des Beaux-Arts une autre toile inspirée par la capitale tourangelle. Intitulée Vue de la cathédrale de Tours, elle correspond au modèle pour la gravure reproduite en page 286 de l’ouvrage. L’ensemble de sa contribution comme illustrateur de la Touraine est à cette occasion récompensé d’une médaille d’honneur.