Jean Victor BERTIN (1767-1842)

Paysage antique, vers 1804
Huile sur toile
16 x 21,5 cm

Vendu

Jean Victor Bertin naît à Paris le 20 mars 1767. À dix-huit ans, il intègre l’atelier de Gabriel-François Doyen pour y étudier le genre historique mais change rapidement de voie et s’oriente vers le paysage, en choisissant pour nouveau maître le peintre Pierre-Henri de Valenciennes. L’influence de cet artiste, alors chef de file du paysage néo-classique en France, sera déterminante sur l’ensemble de sa carrière. Au Salon de l’an VIII (1799), Bertin connaît son premier succès officiel en recevant un prix d’encouragement. Dès lors, il est reconnu comme l’une des figures montantes de la peinture de paysage et obtient à ce titre ses premières commandes publiques et privées.

Au premier plan d’un paysage ouvert en son centre sur les montagnes, le peintre dispose plusieurs personnages vêtus à l’antique. Installé dans le lit d’une ancienne rivière asséchée et dominée par les arbres, cinq jeunes femmes entourent un homme assis sur une pierre. Au loin, d’autres silhouettes semblables à des vestales s’animent autour d’une colonne. Quelques toits émergeant de la végétation signalent la présence d’un village au flanc des collines. Sur cette toile de petit format, Bertin propose une composition dont nous ne connaissons à ce jour aucune réplique. Il est cependant possible de la rapprocher d’une autre peinture datée de 1804 et conservée à l’Indianapolis Museum of Art. Les deux œuvres évoquent l’âge d’or d’une antiquité idéale où les figures drapées ne sont qu’un prétexte à la représentation de la nature dominante. Ce genre initié par des artistes français à Rome au XVIIe siècle, tels que Nicolas Poussin et Gaspard Dughet, connaît un regain d’intérêt au tournant des XVIIIe et XIXe siècles.

Devenu maître à son tour, Jean Victor Bertin transmet cette tradition à toute une génération d’artistes dans son atelier. Il incite ses élèves à se rendre sur le motif et à se confronter directement à la nature. Avec Valenciennes, il milite au sein de l’Académie pour que le paysage historique soit reconnu comme un genre à part entière. Il faudra cependant attendre 1816 pour que ce genre soit consacré par l’École avec l’ouverture d’un concours spécifique. Le premier lauréat en 1817 du Prix de Rome de paysage fut l’un des élèves les plus prometteurs de Bertin : Achille-Etna Michallon. Ce jeune artiste mort à l’âge de vingt-cinq ans ouvrit la voie au paysage romantique en se détachant de l’enseignement de son maître. Jules Coignet, Charles Rémond et surtout Camille Corot, tous d’anciens compagnons de l’atelier Bertin, surent insuffler au genre du paysage une fougue nouvelle en suivant le modèle de leur ami trop tôt disparu.

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