Auguste-Jacques RÉGNIER (1787-1860)

Le Moulin de Crespy, 1817
Huile sur toile
40 x 32 cm
Signé et daté en bas à gauche Régnier 1817 
Annoté et titré à l’encre sur le châssis Régnier / Moulin de Crespy / n°199
Reprise de cette mention au revers du cadre d’origine  
Exposé au Salon de 1817 (n°637)

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Choisissant une vue au cadrage resserré, le peintre représente l’arrière d’une bâtisse de pierre à laquelle est fixée une roue à aubes. Le regard semble pris au piège dans ce recoin exigu fermé par les pans de la toile, sous un ciel menaçant d’orage. Quelques oiseaux, peints en noir ou en blanc, ne parviennent pas à animer les nuages. Deux arbres courts aux troncs noueux dominent la roue d’où l’eau s’écoule péniblement vers un lit asséché. Les murs laissent échapper des gerbes de foin, mêlées à une végétation sauvage. En l’absence d’un mince filet de fumée s’échappant de la cheminée, ce lieu peu accueillant aurait paru inhabité. Au revers, sur le châssis, l’auteur a pris soin de titrer son œuvre : Le Moulin de Crespy. Nous savons que Régnier, à cette époque, arpente la Picardie, s’arrêtant à Pierrefonds pour admirer les ruines du château, ou à Crépy-en-Valois comme en atteste une huile conservée au musée Magnin de Dijon. Crépy s’écrit alors souvent Crespy. Au sortir de cette ville, le hameau de Duvy abritait un grand nombre de moulins disparus pour la plupart mais dont les archives ont conservé le souvenir. Un dessin daté de 1822 et signé par Auguste-Xavier Leprince représente le même moulin sous un angle différent avec l’indication manuscrite Moulin à eau près Crespy.

Ancien élève de Jean Victor Bertin, célèbre paysagiste néo-classique formé chez Pierre-Henri de Valenciennes, Régnier put admirer dans l’atelier de son maître un pan plus intimiste de sa production. En parallèle de ses vastes compositions à sujets antiques, Bertin réalise de nombreuses toiles s’inspirant de vues observées dans les environs de Paris, à Arcueil ou Essonnes par exemple. Ces peintures, d’une apparente simplicité, dégagent une impression de calme et de silence qui ont influencé Régnier. Cependant, dès sa première participation au Salon en 1812, le peintre intègre une dimension romantique absente des œuvres de son maître. Le tableau qu’il présente cette année-là, titré Paysage, temps orageux, représente une jeune femme au centre d’une nature menaçante. Ses nombreux voyages en Auvergne, dans le Dauphiné, en Normandie et en Picardie lui inspirent des sujets qui attirent l’attention de la duchesse de Berry et du duc d’Orléans. En 1817, il expose au Salon une huile baptisée sobrement Un Moulin à eau. Le livret ne mentionne alors aucune localisation précise pour ce moulin.  

Par la suite, Auguste-Jacques Régnier participe régulièrement au Salon et reçoit plusieurs commandes officielles, notamment pour la galerie de Diane à Fontainebleau et l’église Saint-Roch à Paris. Au début des années 1820, il se lie d’amitié avec le peintre anglais Richard Parkes Bonington qui lui fait découvrir l’œuvre de John Constable. De ce dernier, il possède une esquisse de paysage que toute la nouvelle génération des peintres romantiques vient admirer dans son atelier. 



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