La Campagne de Rome, 1839
Aquarelle
20,5 x 32,5 cm
Signé en bas à droite Jourdy
Acquisition par la Fondation Custodia, Paris
Originaire de Dijon, Paul Jourdy entre à l’École des Beaux- Arts de Paris à l’âge de 15 ans. Il y fréquente assidûment les ateliers de Jérôme-Martin Langlois et de Guillaume Guillon Lethière avant de rejoindre celui de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Après plusieurs échecs au concours du Prix de Rome, Jourdy débute au Salon de 1831. Obstiné, il participe encore au Grand Prix et finit par être récompensé en 1834 pour sa composition : Homère chantant ses vers. Parti pour l’Italie, il gagne la Villa Médicis dont son maître Ingres vient de prendre la direction. Sur place, il retrouve ses anciens compagnons d’atelier, Frédéric-Henri Schopin et Hippolyte Flandrin, lauréats respectivement en 1831 et 1832. Paul Flandrin, qui a suivi son frère à Rome, était le paysagiste du groupe. Guidé par cet ami et bien que n’étant pas lui-même un spécialiste du paysage, Jourdy parcourt la campagne romaine et trace à l’aquarelle sur ses feuilles de carnets des panoramas d’une grande liberté.
À quelques kilomètres au nord de Rome, l’artiste s’arrête un jour de novembre 1839, au pied d’une colline dominée par une forteresse médiévale. Il laisse le ciel et le bas de la page largement en réserve et grâce à une palette réduite en vert et ocre, propose une vision personnelle de ce célèbre paysage du Latium. La ferme de la Crescenza accrochée au-dessus du Tibre fut très souvent représentée par les peintres du XIXe siècle qui la baptisèrent la « fabrique du Poussin » ; ce surnom venant du fait que Nicolas Poussin, modèle du classicisme français, intégrait souvent cette bâtisse dans ses paysages. Paul Jourdy choisit d’inscrire ce nom sous son dessin pour le titrer. Plus loin, il interrompt de nouveau sa marche pour croquer les restes d’un aqueduc antique. Le peintre choisit de dominer son motif depuis les hauteurs d’un terrain qui s’incline vers le lointain. Largement recouverts par la végétation, les éléments de l’édifice en ruine scandent le paysage comme les notes sur une portée musicale. Dans cette seconde aquarelle, le vert est moins présent alors que l’ocre des pierres se teinte légèrement de rouge et évoque la lumière du soir. Le ciel, comme dans l’aquarelle précédente, épouse la couleur du papier laissé vierge en cet endroit.
De retour à Paris, Paul Jourdy participe presque chaque année aux salons of ciels et reçoit plusieurs commandes pour des églises parisiennes. Ses œuvres sont encore visibles aujourd’hui dans l’église Notre-Dame des Blancs-Manteaux, dans l’église Saint-Roch ou dans la Basilique Sainte-Clotilde. Le musée Ingres à Montauban conserve son Prométhée enchaîné, toile de grande dimension exposée au Salon de 1842.