Louis BOULANGER (1806-1867)

Le Sire de Gyac, 1832
Aquarelle
24 x 35 cm
Signé en bas à gauche Louis Boulanger
Ancienne collection Pailleron
Bibliographie : A. Marie, Le peintre poète Louis Boulanger, Paris, H. Floury, 1925, cité ; Le Figaro artistique, 1930, reproduit

Vendu

Sous un ciel saturé de nuages, un cavalier en costume Renaissance vient de s’arrêter dans sa course, visiblement sur- pris jusqu’à l’effroi. Face à lui, un élégant personnage vêtu de noir, monté sur un cheval sans brides ni étriers, vient de surgir du néant. L’inconnu porte sur le front une pierre d’opale dont la lueur étrange permet de le distinguer dans les ténèbres. La scène illustrée par Louis Boulanger s’inspire fidèlement d’une nouvelle écrite par Alexandre Dumas. L’histoire est celle du Sire de Gyac, un jeune noble au service du duc de Bourgogne, qui vécut au début du XVe siècle. Venant d’apprendre que l’élue de son cœur lui était in fidèle, Gyac, ivre de colère, s’était lancé dans une course folle en promet- tant sa main droite au diable s’il l’aidait à se venger. Sitôt ces paroles prononcées, le second cavalier apparut. L’envoyé démoniaque dicta alors à Gyac les conditions de Satan : contre la main droite promise, l’épouse et l’amant trouveraient la mort avant que le mari ainsi vengé ne vive de longues années de bonheur, d’amour, de fortune et de gloire.

Publiée pour la première fois en décembre 1832 dans La Revue des deux mondes, cette nouvelle de Dumas participe d’un goût pour le fantastique médiéval dans la veine de La Ballade de Lenore. L’auteur l’insère dans ses Chroniques de France et la complète quatre ans plus tard avec une seconde nouvelle intitulée La Main droite du Sire de Giac. Les artistes de la période romantique étaient à l’affût de la moindre nouveauté et sitôt qu’un roman, une pièce de théâtre ou un opéra rencontrait le succès auprès du public, on pouvait voir les peintres et les illustrateurs se saisir du sujet pour l’interpréter sur la toile ou sur le papier. Louis Boulanger, proche ami de Dumas, entendit, de la bouche même de l’auteur, la légende du Sire de Gyac en cours de rédaction. Saisissant ses pinceaux, il fut le premier à représenter la terri ante rencontre des deux cavaliers. Par la suite d’autres artistes tels que Tony Johannot illustreront à leur tour la nouvelle.

Louis Boulanger, que Victor Hugo appelait « mon peintre », est l’une des figures incontournables du mouvement romantique. Peintre, illustrateur, décorateur, passionné de théâtre et de musique, il nous a laissé des images qui sont aujourd’hui indissociables de la vision que nous conservons de la scène parisienne dans la première moitié du XIXe siècle.

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