Portrait d’Arsène Houssaye, vers 1850-55
Mine de plomb sur papier
26,3 x 17,5 cm
Vendu
Issu d’une famille bourgeoise du nord de la France, le jeune Arsène Housset (1814-1896) quitte sa région et sa famille en 1832 pour mener une vie de bohème dans les rues de Paris sous le pseudonyme d’Arsène Houssaye. Âgé de dix-huit ans, il intègre une troupe de chansonniers et se lie d’amitié avec Théophile Gautier et Gérard de Nerval (son voisin). Ensemble ils collaborent au journal L’Artiste dont Houssaye prend la direction en 1843. Sous-titré Journal de la littérature et des beaux-arts, cet hebdomadaire créé en 1831 publie les textes de Gautier et Nerval mais également ceux de Banville, Champfleury et Baudelaire. La particularité du journal réside surtout à ses débuts dans la large place qu’il laisse à la publication d’estampes. Eugène Delacroix, les frères Devéria et Johannot ainsi que Louis Boulanger et Jean Gigoux fournissent des œuvres à la revue. À cette époque, Arsène Houssaye collabore également à La Revue des Deux Mondes et à La Revue de Paris. Après la chute de Louis-Philippe en 1848 et grâce à l’intervention de la comédienne Rachel, Houssaye est nommé administrateur général de la Comédie-Française. Sous sa direction qui dure jusqu’en 1856, il fait entrer au répertoire du Français les pièces de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas et d’Alfred de Musset.
Devenu une véritable célébrité mondaine, Houssaye, qui a fait fortune grâce à des placements immobiliers, fréquente le Tout-Paris littéraire et artistique. À ce titre, il est l’objet d’un grand nombre de portraits dits sérieux mais également de caricatures pas toujours flatteuses. Dès ses débuts au journal L’Artiste, il avait fait la connaissance d’un jeune peintre et dessinateur, Jean Gigoux. Originaire de Besançon, ce dernier s’était fait une belle réputation d’illustrateur et de portraitiste. Son portrait d’Arsène Houssaye, qui sera lithographié dans les années 1850, montre un homme élégant et sûr de lui. La barbe bien taillée et les cheveux mi-longs, il porte un gilet et un manteau. Cette tenue est comparable à celle que porte le modèle sur une série de photos due à Pierre Petit et traditionnellement datée du début des années 1860. L’écrivain y semble légèrement plus âgé.
Les deux hommes, qui meurent à peu de temps d’intervalle, furent des amateurs d’art éclairés. Arsène Houssaye, qui s’était fait construire un palais d’inspiration Renaissance en plein cœur de Paris, avait fait appel pour sa décoration aux meilleurs artistes de son temps. Il se vantait également de posséder un véritable tableau de Raphaël. Jean Gigoux, pour sa part, accumula une vaste collection d’œuvres d’art composée de plus de trois mille dessins et cinq cents tableaux. Il légua cet ensemble au musée de Besançon dans sa ville natale.