L’Arcade, vers 1805
Huile sur toile
48,7 x 36,3 cm
Vendu
Jean-Victor Bertin naît à Paris le 20 mars 1767. À dix-huit ans, il intègre l’atelier de Gabriel-François Doyen pour y étudier le genre historique mais change rapidement de voie et s’oriente vers le paysage, en choisissant pour nouveau maître le peintre Pierre-Henri de Valenciennes. L’influence de cet artiste, alors chef de file du paysage néo-classique en France, sera déterminante sur l’ensemble de sa carrière. C’est au Salon de l’an VIII (1799) que Bertin connaît son premier succès public et officiel en obtenant un prix d’encouragement. Dès lors, il est reconnu comme l’une des figures montantes de la peinture de paysage et reçoit à ce titre ses premières commandes publiques et privées. Le style de Bertin s’affirme dans les premières années de l’Empire, laissant apparaître une approche du paysage très personnelle où deux grandes entités coexistent : la nature et l’architecture. Dans certains cas, les représentants du vivant, animaux ou personnages, antiques ou contemporains, assistent minuscules et silencieux à la tension palpable qui règne entre le végétal et le bâti. Entre 1800 et 1805, Bertin, qui n’a pas encore entamé son grand tour, recherche dans la région parisienne des modèles et des sujets évoquant la douce lumière de l’Italie. Installé dans une ruelle, l’artiste fixe par l’ouverture d’une grande arcade l’intérieur d’une cour inoccupée. Le battant d’un portail de bois, largement ouvert, laisse apparaître au regard du passant un bassin de brique au crépi lézardé. À droite, sur le bas d’un mur percé de deux fenêtres, un bec de plomb laisse échapper un mince filet d’eau claire. La végétation envahit sans contrainte le muret qui ferme la composition et ménage, dans une découpe ajourée, un espace libre au ciel refermé par la courbure de l’arcade. Les rayons du soleil, ciselés par le profil des feuillages, tissent une savante dentelle d’ombre et de lumière. Il existe plusieurs versions de cette composition, copies d’atelier ou redites autographes. L’une d’elles, aujourd’hui en collection privée, intègre un personnage accompagné d’un âne, venu se désaltérer. Comme souvent dans son œuvre, Bertin répète avec des variations ses compositions savamment élaborées. Grâce à une copie, réalisée par le peintre allemand Eduard Gaertner en 1827, alors élève de Bertin à Paris, nous savons que le maître conservait encore à cette date une version de la composition sans figures, accrochée dans son atelier.