François-Édouard PICOT (1786-1868)
L’Amour se brûlant au foyer d’Anacréon, vers 1815
Peinture à la cire sur toile
47 x 36 cm
Provenance : vente Sotheby’s Londres, 1955 ; puis collection particulière Venise.
Vendu
Cette œuvre peinte à la cire mêle les sujets de deux poèmes d’Anacréon : L’Amour venant se réchauffer au foyer d’Anacréon, et Un amour en cire. Dans ses Odes anacréontiques, le poète antique évoque à plusieurs reprises ses rencontres malheureuses avec le jeune dieu de l’amour. Dans le premier poème, Éros surpris par l’orage frappe à la porte d’Anacréon et lui demande l’hospitalité. Après s’être réchauffé près des flammes, l’adolescent espiègle quitte son hôte en se moquant de lui. Dans le second texte, Anacréon relate sa vengeance. Sur un marché, il achète une petite sculpture en cire représentant l’Amour. De retour chez lui, il approche du feu la fragile figurine et menace de la faire fondre si le dieu ne l’embrase pas. François-Édouard Picot intègre l’atelier du peintre François-André Vincent à l’âge de quatorze ans. Il obtient à titre honorifique un second Grand Prix de Rome en 1813 et reçoit du ministère de l’Intérieur une bourse exceptionnelle qui lui permet de se rendre en Italie pour un séjour de cinq ans. Les témoignages du séjour romain de Picot sont rares. Pour l’illustration de ce sujet anacréontique, Picot emploie de la peinture à la cire. Le choix de cette technique suggère que l’artiste rencontra Antoine-Laurent Castellan (1772-1838) ou du moins qu’il eut connaissance de l’un de ses rapports envoyés à l’Académie. Ancien élève de Pierre-Henri de Valenciennes, Castellan réalisa en Italie un travail d’étude long et complexe sur la peinture à la cire telle qu’employée depuis l’antiquité. Son rapport envoyé en 1815 constituait un véritable guide pratique pour les peintres. Deux artistes de renom furent chargés de vérifier pour l’Institut la validité technique du procédé : Nicolas-Antoine Taunay et François-André Vincent, le maître de Picot. Dans son tableau, le jeune Édouard Picot représente l’Amour adolescent tel un pantin de cire, nu, dépourvu de ses ailes. Sur le sol reposent son arc et son carquois. À l’arrière-plan, deux colombes installées sur le rebord d’une fenêtre s’embrassent, alors qu’un éclair illumine le paysage sous la tempête. Anacréon, plutôt que de retenir le jeune dieu de se brûler, semble le pousser vers les flammes pour illustrer le dernier vers du second poème : –Mais toi, Eros, enflamme-moi au plus tôt, ou je te ferai fondre au feu ! En 1817, Picot choisira de nouveau un épisode de la vie d’Éros pour son tableau le plus célèbre, Amour et Psyché. Il reviendra également à l’utilisation de la peinture à la cire trente ans plus tard pour les décors de l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris.