Jean-Jacques CHAMPIN (1796-1860)

Vendu

La Tombe de Darnay, 1837
Crayon et lavis d’encre sur papier
14,5 x 11 cm
Signé en bas à gauche Champin

Vendu

Le 4 septembre 1837, Victor Hugo écrit à Adèle son épouse : « Je songeais, à cet instant-là, à tous les amis que je viens de perdre […] d’Arnay, ce pauvre doux enfant si gracieux ». Ces quelques mots évoquent la disparition d’un jeune dramaturge, Gustave Darnay, à vingt-trois ans. Émile-Fortuné-Gustave Darnay de Laperrière est né le 4 février 1814. Auteur précoce, il écrit à vingt-et-un ans pour le comte Honoré de Sussy les paroles d’une romance avec chœur, Les Captives. Deux ans plus tard, il rédige avec lui le livret d’Alice, un drame lyrique dont la création a lieu le 8 avril 1837. L’œuvre connut un certain succès et permit à Darnay d’apparaître comme l’un des jeunes espoirs de la nouvelle génération romantique. À cette époque, il fréquente Victor Hugo et Alexandre Dumas. Moins de quatre mois après la première d’Alice, le cinquième jour du mois d’août, le jeune homme s’éteint. Dans un recoin du cimetière de Montmartre, le peintre JeanJacques Champin s’est arrêté pour dessiner au lavis d’encre sépia la tombe du jeune homme trop tôt disparu. Sur la partie inclinée du tombeau, il relève la mention XXIII ans !!!, rappelant pour l’éternité le départ précoce du défunt. L’ouvrage en pierre est dominé par un ange en adoration, œuvre du sculpteur Carlo Marochetti. Dans le coin supérieur gauche de la feuille, Champin a noté en guise d’épitaphe : A Gustave Darnay, ses amis. Cette mention visiblement absente sur le monument y sera finalement ajoutée, associée aux noms de trois de ses amis qui ont financé la sépulture par souscription : le comte Palamède de Forbin-Janson, le comte Honoré de Sussy et Albert Courpon. Louis-Marie Normand restitue par la gravure la composition fidèle et les détails de l’édifice dans son ouvrage Monuments funéraires choisis dans les cimetières de Paris et des principales villes de France publié en 1863. Toujours visible aujourd’hui à Montmartre, la tombe est en ruine, les mentions illisibles, et la sculpture de Marochetti, très endommagée et décapitée, ne pleure plus sur « le doux enfant si gracieux ». Champin, prénommé Jean-Jacques en hommage à Rousseau, est le fils d’un graveur établi à Sceaux. Formé dans les ateliers de Félix Storelli et Auguste-Jacques Régnier, lui-même élève de Jean-Victor Bertin, il se spécialise dans le genre du paysage historique et voyage jusqu’en Italie. Collaborant à plusieurs ouvrages gravés de vues pittoresques, il rencontre Charles Nodier et fréquente par son intermédiaire les salons littéraires où il côtoie Victor Hugo et Alexandre Dumas. Par leurs amitiés communes, Champin et Darnay purent se lier d’une affection dont ce dessin reste l’unique témoignage endeuillé.