Eugène VIOLLET-LE-DUC (1814-1879)

Les Jardins de la Villa Médicis, 1837
Aquarelle
15,5 x 24 cm
Daté et signé en bas à droite 1837. E.V. Leduc

Vendu

Eugène Viollet-le-Duc s’est très tôt refusé à suivre la voie académique de l’École des Beaux-Arts pour sa formation d’architecte. Ce mépris pour l’institution et son absence de participation au concours du Prix de Rome lui ferment définitivement les portes de la Villa Médicis en tant que pensionnaire. Son père, employé au Palais des Tuileries comme conservateur des résidences royales, obtient cependant du roi Louis-Philippe un soutien financier qui permet à Eugène de rejoindre l’Italie en 1836. Jeune marié et père depuis peu, il abandonne le 12 mars femme et enfant pour prendre la route de la Sicile en compagnie de son fidèle ami Gaucherel. Ensemble ils visitent le sud de la péninsule pendant plusieurs mois avant de remonter vers Rome. Viollet-le-Duc découvre la Ville éternelle le 30 juillet et note plus tard : « Il faut quelque temps pour se faire à Rome […] J’éprouve ici ce que je n’ai éprouvé nulle part, c’est-à-dire une stupéfaction, un abasourdissement complet ». Avec son épouse Élisa, qui finit par le rejoindre, ils sont reçus à la Villa Médicis. Le nouveau directeur, Jean-Auguste-Dominique Ingres et sa fidèle Madeleine, leur font bon accueil. Durant leur séjour, le jeune architecte et sa femme deviennent même des habitués des lieux : Eugène peut discuter de théorie de l’art avec les pensionnaires pendant qu’Élisa profite des jardins avec madame Ingres. À l’occasion d’une journée fraîche mais ensoleillée de 1837, l’artiste s’installe lui aussi dans le parc, accompagné de son nécessaire d’aquarelliste. Il fixe sur la feuille, tournant le dos à la Villa, la monumentale sculpture de la déesse Roma. Trois pins entourent l’antique statue et divisent la composition. Au centre, l’eau s’écoule dans le bassin d’une fontaine près de laquelle jouent des enfants surveillés par leur nourrice. Deux hommes, sur la gauche, portant vestes et chapeaux, sont en grande conversation alors que plus loin, une jeune femme se promène une ombrelle à la main. Sur la droite, on peut apercevoir l’extrémité de la terrasse du Bosco. À cet instant, Élisa est peut-être auprès du maître des lieux, prenant la pose, pendant que celui-ci la dessine. Ingres réalisa effectivement cette année-là un portrait au crayon de madame Viollet-le-Duc, qui atteste des liens d’amitié entre les deux hommes. À son retour en France, après dix-huit mois en Italie, Eugène débute véritablement sa carrière et devient l’un des plus influents architectes de son époque. Passionné par l’art médiéval, il entame les restaurations de plusieurs édifices importants sur tout le territoire national : Notre-Dame de Paris, la cité de Carcassonne ou le château de Pierrefonds en sont les parfaits exemples. Bien qu’aujourd’hui contestés, ses choix privilégiant la réinvention à la restauration historique ont profondément marqué notre vision de l’architecture du Moyen Âge.

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