Edme DUMÉE (1792-1861)

Vendu

Frontispice gothique pour l’album de Madame Gabriel Delessert, 1824
Aquarelle
24 x 33 cm
Signé et daté en bas à droite Edme – 1824

Vendu

Architecture caprice aux proportions monumentales et à l’usage incertain, cette fantaisie gothique pour un jardin à l’anglaise répond au goût troubadour qui s’impose dans toute l’Europe des années 1820. Composé de deux tours à pinacles séparées par un étroit corps de bâtiment ouvert sur deux niveaux, l’édifice porte à son fronton le mot Album, inscrit dans un cartouche. La végétation sauvage du premier plan se poursuit dans le lointain d’un paysage traversé par une rivière bordée de fabriques. L’auteur de cette aquarelle, Edme Dumée, est principalement connu comme décorateur de théâtre. Élève de PierreLuc-Charles Cicéri à l’Opéra de Paris, il deviendra lui-même directeur du matériel théâtral de la ville de Rouen et se chargera à ce titre des décors de nombreux opéras. L’œuvre, très proche techniquement des maquettes de son maître, fut réalisée comme page de garde d’un album amicorum. Ces carnets très en vogue au début du XIXe siècle étaient proposés par de nombreux libraires et éditeurs sous forme vierge pour une clientèle aisée. Dans certains cas richement reliés de maroquin et garnis de ferrures, ils permettaient de coller les dessins offerts par des artistes amis, amateurs ou confirmés. Ce frontispice, à la fonction clairement inscrite au sommet du motif, ornait la première page de l’album amicorum de Valentine de Laborde plus connue sous le nom de Madame Gabriel Delessert. Fille d’Alexandre de Laborde, homme politique et archéologue, elle épousa Gabriel Delessert l’année où fut ré- alisé ce dessin. Comme elle, son mari était l’héritier d’une célèbre dynastie de banquiers. La future femme de lettres, qui n’avait que dix-huit ans, dut recevoir l’album orné de cette aquarelle en cadeau de mariage. Sous le règne de Louis-Philippe, Valentine devint l’égérie et la maîtresse de Prosper Mé- rimée alors que son mari accédait au poste de préfet de police de la ville de Paris. Elle pouvait compter parmi ses amis la fine fleur de la génération romantique : Chateaubriand, Delacroix, Musset ou Stendhal. Sous le second Empire, elle fut une proche du couple impérial et put conseiller Napoléon III sur certains points de sa politique culturelle.