Alexandre-Marie COLIN (1798-1875)
Autoportrait entouré d’études, vers 1818-1819
Au verso Portrait de Gerfant
Pierre noire et craie blanche sur papier brun
29,5 x 21 cm
Vendu
Au centre de la page, l’artiste s’est représenté de léger trois-quarts, la moitié du visage plongée dans l’ombre, les traits sculptés, creusés par le jeu des lumières. Son regard fixe un point sur la droite, nous ignore et donc nous interpelle ; ses cheveux, coiffés à la mode romantique, semblent rejetés vers l’arrière, gonflés par le souffle de la révolte créatrice. Les modèles de plâtres, le portrait fidèle d’un ami, Charlet peutêtre, le profil vengeur d’une figure mâle aux accents géricaldiens l’entourent, dansants, tels des rêves matérialisés sur la feuille. Au revers, un homme à la moustache virile, le regard sombre, ne nous est pas inconnu. Modèle professionnel, tournant d’atelier en atelier, il s’agit de Gerfant, l’ami de Géricault qui posa pour Le Radeau de la Méduse.
Alexandre-Marie Colin, l’auteur de cette double feuille était lui-même un proche de Géricault. Une lithographie datant de 1824 conserve le souvenir de cette amitié. Titrée Géricault d’après un portrait fait en 1816, elle porte en bas à droite la signature de Colin. Le peintre n’avait que dix-huit ans lorsqu’il réalisa le portrait de son ami qui en avait vingt-cinq. Les deux artistes se rencontrent à l’École des Beaux-Arts où le jeune Alexandre-Marie intègre l’atelier de Girodet en 1814. Le Louvre possède un portrait de Colin anciennement attribué à Géricault, qui est aujourd’hui considéré comme un autoportrait. Un peu plus jeune et légèrement plus rond que sur ce dessin, le peintre reste cependant reconnaissable. La présence des plâtres d’études ainsi que celle de Gerfant, suggèrent une exécution à l’époque où Colin est encore élève dans un atelier et donc avant ses débuts au Salon de 1819. Il a alors une vingtaine d’années. Grand portraitiste et graveur, Colin semble avoir usé de la pierre noire comme d’une craie lithographique pour réaliser cette feuille. Le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France conserve un important recueil de portraits de la main de Colin. Légué par Étienne Moreau-Nélaton, il regroupe, outre une gravure de Colin réunissant les portraits de plusieurs élèves de l’atelier de Girodet, un ensemble de croquis spontanés de petits formats, sévères ou à charge, représentant ses amis peintres en formation.