Paul DELAROCHE (1797-1856)
Jeune homme de profil, vers 1834-1835
Huile sur toile marouflée sur panneau
18 x 13 cm
Vendu
Le 12 novembre 1833, Paul Delaroche reçoit la prestigieuse commande des décors muraux pour l’église de la Madeleine à Paris. Durant deux années, il travaille à cette importante composition. Il se voit finalement retirer l’attribution de la peinture de l’abside au profit de Jules Ziegler en 1835 et décide d’abandonner complètement le projet. Le Louvre conserve un certain nombre de dessins préparatoires à ces décors qui nous éclairent sur la vision du peintre. Une lunette devait illustrer l’épisode du repas chez Simon tiré des évangiles. Connue par un dessin très détaillé, la composition devait montrer, sur la droite de la tablée, Marie-Madeleine à genoux lavant les pieds du Christ. Sur une autre étude au crayon, Delaroche s’intéresse plus précisément au drapé de cette figure. Le modèle dont le visage s’échappe d’un entrelacs de plis n’est cependant pas une jeune fille mais un jeune garçon. L’artiste a clairement tracé son profil et détaillé sa chevelure aux mèches tombant sur son front. Dans l’atelier du maître, un apprenti ou un jeune élève dut prendre la pose, recouvert d’un drap, pour que le peintre réalise cette étude. Ce même modèle servit à Delaroche pour ce petit portrait inachevé dans lequel on reconnaît distinctement le profil et les deux mèches de cheveux sur le côté. Bien que tout juste esquissé au crayon sur la toile préparée, on peut voir se poursuivre à la base de son cou, un vêtement. Ce dernier, sans forme définie, semble être encore le drap dont le jeune homme s’était habillé pour jouer le rôle de Madeleine aux pieds du Christ. Il est donc possible que Delaroche réalisât dessin et peinture lors de la même séance.
Le jeune homme de cet élégant petit portrait semble avoir posé à la même époque pour une autre composition sur laquelle travaille Delaroche – Les Vainqueurs de la Bastille – achevée en 1839 mais commencée dès le début de la décennie. Cette toile immense, aujourd’hui conservée au Petit Palais, vient d’être restaurée. En bas au centre, parmi la foule se pressant devant l’Hôtel de Ville, un jeune garçon à l’épaule dénudée tient un fusil à la main ; son visage, légèrement tourné vers nous, possède au-delà de la simple ressemblance, le même regard sauvage et décidé que celui de notre jeune adolescent. Ce principe de portrait mis en couleur avec le vêtement laissé en réserve renvoie également à une série de peintures représentant des moines camaldules que Delaroche fit en 1834, au cours de son voyage en Italie. De petit format, ces derniers ont été offerts quelques années avant la mort du peintre au musée de Nantes.
Nous remercions le professeur Stephen Bann de nous avoir confirmé l’authenticité de cette œuvre et de nous avoir aidés pour la rédaction de cette notice.