Gustave MOREAU (1826-1898)

Pietà, vers 1850-1852
Esquisse pour La Pietà exposée au Salon de 1852
Huile sur toile
22 x 27 cm
Provenance : Collection Narcisse Berchère ;
probablement acquis par Edmond Arnaud à la vente d’atelier Berchère en novembre 1891, n°271 ; puis par descendance. Bibliographie : Pierre-Louis Mathieu, Supplément au catalogue raisonné de l’œuvre de Gustave Moreau, Courbevoie, 2006, n°11bis

Vendu

2017_09_18_Nouvelle_Athènes-15

Pour sa première participation au Salon en 1852, Gustave Moreau propose deux peintures monumentales, Darius fuyant la bataille d’Arbelles…, qui est refusée, et une très grande Pietà qui sera sa première œuvre exposée au Salon. Le peintre, jusqu’alors totalement inconnu, s’est lié d’une profonde amitié avec le peintre Théodore Chassériau. Si le premier tableau sur lequel il travaille, Darius (finalement exposé au Salon l’année suivante), montre l’influence incontestable de son ami et modèle, le second, La Pietà, résonne tel un hommage à Eugène Delacroix auquel le jeune peintre voue une sincère admiration. Cette toile s’inspire directement du tableau de même sujet achevé par le peintre romantique huit ans plus tôt pour l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement à Paris. Lors de son exposition, La Pietà de Moreau est remarquée par les frères Goncourt qui en font une description élogieuse dans le journal L’Éclair : « Cette scène, toute pleine de tons vigoureux et sourds, doit à la sobriété de ton des draperies qui sont toutes ou rouges ou bleues, une harmonie solide, un effet puissant ».

L’œuvre, acquise par l’État en vue d’un dépôt à la cathé- drale d’Angoulême, est aujourd’hui introuvable. Une photographie de Gustave Le Gray la montre accrochée au Salon de 1852. Le Christ mort est dominé par sa mère en larmes que soutiennent deux figures massives vêtues de rouge. Marie-Madeleine, agenouillée, se cache le visage de douleur. Si le musée Gustave Moreau (ancien atelier de l’artiste) conserve un certain nombre d’études peintes ou dessinées pour cette œuvre, la redécouverte de cette esquisse permet d’apporter un éclairage nouveau sur sa genèse. De petit format, elle ne diffère que très peu, dans sa composition, de l’œuvre finale ; seule la figure de Madeleine est encore absente. L’artiste semble par contre avoir laissé libre cours à son style naissant, plus suave, plus maniéré que ce que donne à voir le grand format. La contorsion du Christ, à la sinuosité pleine d’élégance, apparaît comme le prototype d’une multitude de figures androgynes que le peintre répétera tout au long de sa carrière.

Au début des années 1850, le jeune Moreau se lie d’amitié avec Narcisse Berchère, un peintre orientaliste de sa génération. Selon une note manuscrite, datant de 1885, l’auteur offrit « 2 Esquisses de la Pietà d’Angoulême » à son ami. À la mort de ce dernier, une vente d’atelier fut organisée dans laquelle quatre œuvres de Moreau étaient présentées : l’une d’elle, de format identique mais sous le titre erroné de Mise au tombeau, devait correspondre à cette esquisse.