Isidore PILS (1813-1875)

La Ville de Paris recevant les plans du nouvel opéra, entre 1870-1875
Huile sur papier marouflé sur toile
56 x 104,5 cm
Porte le cachet de la vente après décès en bas à gauche
Au dos cachet de cire de la vente d’atelier

Vendu à la bibliothèque musée de l’Opéra Garnier

Après un séjour de six années en Italie, le peintre Isidore Pils participe régulièrement au Salon. Le succès dû à son talent lui permet de recevoir de nombreuses commandes officielles. À la fin des années 1860, l’architecte Charles Garnier fait appel à différents anciens lauréats du Prix de Rome pour décorer le nouvel opéra qu’il est en train de construire. Pils rejoint alors sur cet immense chantier les peintres Paul Baudry, Jules-Elie Delaunay, Jules Lenepveu et Félix Barrias. Une commission lui attribue le plafond du grand escalier, composé de quatre immenses voussures, que le peintre doit garnir de compositions allégoriques. Au nord, Le Triomphe d’Apollon, au sud Le Charme de la Musique, à l’est Minerve combattant la force brutale devant l’Olympe réuni et enfin à l’ouest, La ville de Paris recevant les plans du nouvel opéra.

Cette dernière scène, composée de huit figures, montre comme son titre l’indique une allégorie féminine de la ville de Paris, drapée de bleu et d’or. Accompagnée d’un cheval ailé, Pégase, elle domine la Seine allongée à ses pieds. Son bras est tendu en direction du groupe opposé, constitué de quatre autres figures, celles du théâtre, de la peinture, de la sculpture et de l’architecture. Cette dernière tient dans sa main les plans du nouvel opéra. L’esquisse générale de composition, tout en étant très proche de l’œuvre définitive, montre quelques différences. Les figures y sont plus resserrées, et les détails moins nombreux. La grande nature morte symbolisant l’abondance n’apparaît pas encore à ce moment du projet. L’artiste a cependant déjà intégré les décors d’encadrement de l’architecture devant accueillir la composition. La matière picturale, fortement présente, trahit la spontanéité avec laquelle le peintre a mis en couleur son projet de composition. Traces visibles du pinceau et empâtements répétés évoquent davantage l’art de Delacroix que celui des grands peintres académiques.

Si les études de Pils pour les décors de l’escalier sont assez nombreuses, les compositions aussi abouties sont beaucoup plus rares. La proximité avec l’œuvre définitive, de même que la présence des stucs, suggèrent une étape proche de la mise en place finale. Pils ne put venir à bout de la réalisation du plafond du grand escalier et c’est Georges Clairin, à la mort de son maître en septembre 1875, qui dut la terminer.