Jules DUPRÉ (1811-1889)

Vue des Pyrénées depuis la côte basque, vers 1844
Huile sur toile marouflé sur panneau
10,5 x 19 cm
Provenance : ancienne collection Marie-Madeleine Aubrun
Numéro 107 du catalogue raisonné de l’œuvre peint, dessiné et gravé

Vendu

Jules Dupré est initié très tôt à la peinture dans la manufacture de porcelaine de son père à Nantes. À l’âge de douze ans, il entre en apprentissage à Paris chez un oncle comme peintre sur porcelaine. Il y fait la connaissance de plusieurs futurs grands noms de la peinture de son siècle : Auguste-Denis Raffet, Louis Cabat et Narcisse Díaz de la Peña. Grand admirateur de Géricault, il était également fasciné par les paysagistes hollandais du XVIIe siècle. Sous l’impulsion de Cabat, il abandonne la peinture décorative et se consacre aux paysages de plein air. En 1831, il expose pour la première fois au Salon, puis voyage en Angleterre pour étudier les maîtres du paysage anglais. À son retour, il se lie d’amitié avec Théodore Rousseau dont les préoccupations picturales étaient proches des siennes. Ensemble, ils traversent la France jusque dans les Pyrénées et les Landes durant l’année 1844.

Réalisée sur le motif durant ce voyage, cette peinture de petit format surprend dans l’œuvre de Dupré. D’une esthétique plus classique qu’hollandaise, elle s’éloigne du goût de son compagnon de route et présente une vision épurée des chaînes de montagnes vues depuis les côtes basques près de Bayonne. L’absence de toute végétation visible pour briser l’horizontalité dut confronter le peintre à des sentiments inédits. Seule une masse de pierre accroche le regard dans la plaine, au centre. On comprend aisément l’affection que put porter Marie-Madeleine Aubrun pour cette petite peinture qu’elle conserva dans son bureau. L’historienne de l’art et biographe de l’artiste pouvait y voir réunis son amour du paysage néoclassique dans l’esprit de Théodore Caruelle d’Aligny (dont elle fit également le catalogue raisonné) avec sa passion pour la peinture habituellement plus ténébreuse de Dupré.

À son retour des Pyrénées, Jules Dupré travailla régulièrement dans la forêt de Barbizon où il fréquenta Constant Troyon et Jean-François Millet. Ses deux toiles, Le Matin et Le Soir, qui furent achetées par l’État et exposées au musée du Luxembourg, montrent des interrogations sur la nature et la lumière qui sont proches de celles des impressionnistes et de celles de Claude Monet en particulier.

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